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1 Madame au Chêne Madame au Chêne, vieille folle mal-aimée, douce et charmante illuminée, était magique, toujours le soir, surtout en novembre. Pauvre étourdie, lourde et salie, seule dans le noir, elle s’accroupit une nuit comme tout autre jour, à la lumière d’une bougie. Elle murmura son chant toute la nuit, peinée et ravissante, et quand de sombres nuages finirent par cacher la lune et que tous chats s’étaient finalement endormis, elle cria au village, envoûtant tous ceux qui étaient réveillés. Jeune Jean, gens qui jeûne, à qui le sommeil ne venait en cette froide nuit d’été, entendit la chanson de Madame au Chêne, et tomba immédiatement sous son charme, comme la cane succombant à son sabre, avec fougue et sans effort. Il se leva de son lit, marcha vers le noir, là où nul n’avait auparavant eu la chaleur de vaguer, sur une rue toute fine et une aire salée. Au loin, il vit ses cheveux ébène, ses lèvres roses et ses joues moroses. Et ce fût magique lorsque leurs regards se croisèrent. C’était comme si toutes les étoiles qui étaient dans les cieux ne pouvaient faire le poids contre leurs yeux luisants de bonheur. L’un comme l’autre savait qu’ils seraient âmes sœurs à jamais. Comme des pirates ils vogueraient sur l’océan, avides d’aventures. Leur quête serait périlleuse sans l’ombre d’un doute mais leur amour, symbole de leur bravoure, allait contrer vents et marées. Même les ruses si machiavéliques de Satan paraitraient impuissantes contre cette force qu’ils avaient, unis! Oh oui !!! Ils seraient indestructibles. 2 Amoureux, braves désenchantés enchantés, ils seraient longtemps les maîtres à bord d’une galère ensorcelée, sans avoir à se soucier des petites vagues qui feraient virevolter leur pente. Madame au Chêne en était sûre : petite sirène, douce fée, il l’aimerait pendant des années malgré ses chaines. Et elle deviendrait reine aux côtés de son bien-aimé. Mais le cataclysme vint un jour, au jour, ennemi de l’amour. Ce fut l’anéantissement absolu !!! Un cri dans la nuit, un écho de malheur annonça les miettes de leur abri précieux. La légèreté de la vague qui autrefois possédait la puissance de la brise effleura malencontreusement la peau de Jean et se transforma en une gigantesque tempête. Elle engloutit la belle galère que nos deux tourtereaux avaient pendant longtemps souffert. Madame au Chêne s’en sortit, ordonnant à la tempête de ne pas l’avaler. Elle avait trop encore à faire, trop de choses à planifier !!! Mais pauvre Jean !! Oh pauvre Jean, qui à flot, à bord, à bâbord, trop léger, pas assez fort fut, malgré les cris de Madame au Chêne, englouti par la vague et le vent. Madame au Chêne, Madame en chaine, Madame Eugène, cette vieille sorcière !!! Jeune Jean à jamais perdu dans la vague qui fut auparavant la source de son aventure, doux gouffre de son amour… sa mort, éphémère. ...

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