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v Préface †On a dit également, plus prudemment que ce livre indiquait un nouveau sens des nuances; celles à apporter aux anciennes thèses, ciselées pour être tranchantes et exprimer à la fois des «colères», et un souci très althussérien de précision devant des productions philosophiques approximatives, se satisfaisant d’à peu près conceptuels. Cette colère et cette volonté de précision qui s’expriment, par exemple, dans le fameux : «j’appelle philosophie africaine un ensemble de textes… » où l’auteur souligne comme on met des points sur les « i ». Cette seconde réaction pourrait se traduire ainsi : «il a (enfin?) mis de l’eau dans son vin. Voici pourtant que Paulin Hountondji nous dit ici, du ton en effet apaisé de celui qui fait le point après que la polémique a fini de dérouler ses effets, et tout en reconnaissant exagérations et préventions antérieures- contre l’ethnologie, en particulier - qu’il n’y a ni rupture ni changement dans sa démarche, mais toujours l’unité et la continuité d’un même itinéraire,«africain» et «pour le sens». Et si l’auteur revient, dans le chapitre consacré à un «débat pollué», surtout, sur ce qui s’est écrit et discuté, sur les réponses déjà apportées à des critiques qui n’ont pas manqué- on le redécouvre – c’est avant tout, simplement, pour donner à voir à ceux qui auront mal compris sa trajectoire théorique, parce qu’ils en auront eu une vision parcellaire et tronquée, la totalité de celle-ci. Ainsi, avant la critique de l’ethnophilosophie, à laquelle on la réduit souvent, il y a eu le travail sur Husserl, et voilà pourquoi «après» cette critique, ou plutôt en même temps qu’elle, avec elle et grâce à elle, il y a la réflexion sur la science. Plus précisément sur l’extraversion scientifique que connait l’Afrique, en vue du combat pour la réappropriation, par notre continent . des conditions scientifiques et techniques de son développement. De ce combat participe la recherche, collective nécessairement et qui doit réunir des spécialistes de plusieurs disciplines, sur les savoirs endogènes en vue de leur reprise critique, de la réactivation dont on attend, éventuellement, qu’elle les rende à leur dynamisme. C’est une circonstance académique – qu’on ne peut donc dire«extérieure», pour un universitaire - qui a amené Paulin Hountondji à ce livre qui fait le point pour mieux préparer ceux qui le suivront. Sous une forme dont celle-ci est une version remaniée et amplifiée, le présent ouvrage s’est vi d’abord appelé Enjeux d’une critique, avec pour sous-titre: philosophie, anthropologie des savoirs et politique en Afrique, pour constituer un texte de synthèse en vue d’une soutenance de doctorat d’Etat sur travaux à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Dans cette première mouture et sous ce premier titre, qui a la gravité des travaux universitaires, ou sous celuici – Combats pour le sens – il n’a jamais cessé d’être un livre. Si j’évoque sa première destination universitaire, c’est pour souligner à son propos, ce fait souvent constaté, de la part de hasard qui est l’origine de bien des textes importants. Entendons ici: le hasard d’une commande, éditoriale ou académique. Ainsi, quelque conjoncturelle que soit l’origine de ce livre, lié donc à une échéance universitaire, il pose sa nécessite propre comme chemin pour le sens et chemin exemplaire d’un philosophe qui a, pour son compte personnel et pour beaucoup d’autres qui ont lu ses travaux, pense la relation entre sa situation d’Africain et son choix de la philosophie. Il était donc bon que ce livre fut d’abord proféré publiquement comme une soutenance, qu’il fût posé comme un acte public au cœur du département de philosophie d’une des plus anciennes Universités francophones du continent. D’ailleurs, pour de nombreuses raisons qu’éclaire la lecture de ce livre, il fait irrésistiblement songer à «la Soutenance d’ Amiens» ou Louis Althusser, qui fut un maitre de Paulin Hountondji s’est expliqué sur les urgences, politiques en dernière instance, qui ont déporté sa réflexion de la rédaction continue de la thèse qu’il avait annoncée, au travail d’élaboration et de pr...

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