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96 L’été Le soleil éclot, le ciel fleurit Laissant loin derrière Les poils hérissés de l’hiver, La nappe blanche qui recouvre Le toit triste des maisons Qui pleurent à froides larmes. Le soleil mûrit dans les montages Et rit dans les plages sablonneuses, Et les randonneurs et les baigneurs Le cueillent, le cueillent avec bonheur, Fruit doux qu’ils attendaient impatiemment. Le ciel sourit à nos cœurs bleus, Pur et franc sans l’ombre d’une hypocrisie, D’une innocence franchement bleue ; Il nous montre dans la douceur bleuie du firmament Ses dents d’argent, Ses yeux de perle irisée Qui jettent sur nos inquiétudes Une ombre douce et apaisante. L’été revêt sa parure impériale, Et comme un roi, et comme un prince, Jette et répand ses largesses. Et nous, amoureux fous d’or, d’argent et de roses, Allons ramasser les pépites de ciel Chues abondamment sur nos têtes Et cueillir les roses du midi Que nous allons déposer avec bonheur Aux pieds de nos belles. 97 L’été est riche en grâce, en dons et en beauté. Deuil éternel Mon cœur, cet abime immense Et profond de malheurs rempli Saigne chaque jour A chaque fois qu’une goutte Vient troubler son exil somnolent En y tombant à grand écho. Haïti, terre fertile en drames, Flotte perdue à l’horizon Dans le sang gratuit de ses fils Qui se déverse violemment De l’urne crevée du ciel Dans l’abysse insondable de l’océan avare. Et le couteau à chaque fois remué Dans la plaie béante et vive D’un exil que je n’ai point choisi Aiguillonne mon patriotisme Qui crie et pleure sous le sadisme odieux Des féroces anthropophages, Ces fauves plus loin de l’humanité Que toute la faune redoutable. O pauvre éplorée qui compte tes morts, Triste et pensive, Telle une pauvre épouillant ses enfants, Roses noires assassinées sous les poignards vandales Et répandues sur le voile endeuillé De la gratuité des esprits sanguinaires et tordus Qui s’éploie dans l’atmosphère infecte des crimes ...

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