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94 Et donnent à leur chien un cercueil en or. Que vaut la vie de nos compatriotes ? Pas grand-chose, Rien du tout. Je crache le mépris Sur ces viles âmes sans âme Et j’offre mon chant A vous tous mes frères Qui avez le malheur De naître dans cette jungle Où la faune sauvage Est piteuse et sanguinaire. Sempiternels mauvais temps Le ciel qui pleure Et qui répand ses larmes Sur le lit de la mer, La mer qui languit, Dévêtue par les flots Qui dévastent ses plaines, Le soleil qui maugrée, Fâché contre les nuages Qui ternissent sa beauté, Les vents qui dénudent La cime de tes arbres, La tempête qui cueille Le toit de tes maisons, L’ouragan qui balaie Tes champs et tes prairies, 95 La cupidité, sangsue qui ventouse Tes ressources exsangues, L’irresponsabilité qui lapide Ton histoire meurtrie, La source inépuisable Qui fertilise tes malheurs, Le ténébreux brouillard Qui voile ton avenir, Le gouffre béant Qui se dresse sous tes pieds, Le volcan où se consument, Malheureuses, tes branches Encore pleines de vie, Arrachées et jetées avec rage Dans la géhenne infernale Du big-crush historique, Enfin tous les séismes de l’histoire Qui concourent à te rendre malheureuse Noient mon cœur Dans les eaux boueuses Des dépouilles de tes étoiles Mortes avant d’entrer dans l’histoire De notre pitoyable nation. Et mon cœur, insignifiant atome, Flotte perdu dans l’immense océan De tes malheurs. ...

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