Regional Balance and National Integration in Cameroon: Lessons Learned and the Uncertain Future

27. Le royaume Bamoum, les Chefferies Bamiléké et L’Etat au Cameroun

535 Chapter Twenty-Seven Le Royaume Bamoum, Les Chefferies Bamiléké Et L’état Au Cameroun Ibrahim Mouiche Le Cameroun postcolonial a été un des cadres par excellence d’expérimentation et d’application du centralisme. Com me Etat-nation, il cumule tous les inconvénients du partage et de la balkanisation arbitraires de l’Afrique aussi bien au plan géographique qu’historico-culturel: les pieds dans la foret équatoriale dense, la tête dans le Sahel presque désertique, le tronc fait d’une immense zone de savane, tel est le Cameroun géographique dont la logique du ciselage des frontières échappe a l’observateur le plus averti. Cela a fait dire avec raison d’ailleurs que le Cameroun géographique était une aberration; sur le plan historico-culturel, l’on doit gérer ici non seulement le double héritage colonial anglo-saxon et français mais encore la coexistence des groupes ethniques aux cultures souvent antagonistes (Collectif “Changer le Cameroun”, 1992: 7). Raison pour laquelle le thème de la représentation de toutes les ethnies du pays aux postes de direction de l’appareil d’Etat s’est toujours situe constamment au centre de notre vie politique. Ce thème ne se rattache à aucune idéologie démocratique raillée au suffrage universel. Il s’agit plutôt comme l’affirme Guy Landry Hazoume (1972: 26; voir également J. L. Amselle et Elikia M’Bokolo: 1985) d’une variante originale de la démocratie, d’une sorte “d’ethnocratie” (si nous pouvons user de ce neologisrne) en laquelle on veut voir la seule forme de gouvernement capable de réaliser l’harmonie “nationale” et d’assurer la participation universelle des citoyens aux taches d’administration de L’Etat. Cette idéologie suppose la présence physique au banc du gouvernement d’un enfant de la région ou de l’ethnie. Ce que Jean-François Bayart (1985: 193) a pu appeler a juste titre le “processus moléculaire de l’assimilation réciproque’’ opère de février 1958 a novembre 1982 par le régime Ahidjo. Ces décennies ayant vu l’émergence d’une vaste alliance regroupant les différents segments régionaux, politiques, économiques et culturels de l’élite sociale. 536 Ainsi, lorsque M. Ahidjo composait son gouvernement, il ne se préoccupait pas uniquement de veiller a ce que les représentations provinciales soient assurées, a ce que les grands équilibres géopolitiques soient respectes. A l’intérieur de chaque province, il réalisait simultanément un “microdosage qui se superposait aux macro-équilibres géopolitiques et permettait de mieux chevaucher les réalités sociopolitiques que sont les ethnies” (Ngayap, 1983: 80-83) a l’instar des Bamoum et des Bamiléké a l’Ouest du pays. La politique du Renouveau du Président Paul Biya depuis 1982 marquée par une certains continuité de l’héritage Ahidjo (voir Gaillard, 1989, IL; Collectif “Changer le Cameroun”, 1992: 526-527) va dans le même sens, puisque dans nos sociétés africaines “le tribalisme” compte parmi les premiers instruments idéologiques des bourgeoisies dirigeantes. Aussi doivent-elles en saluer le maintien et renforcer la présence avec les moyens discrets et insidieux, culturels et politiques que l’appareil d’Etat et sa machine de propagande leur fournissent. Chefferies Bamiléké Ou Chefferies Rivales, Echange Et Opposition Avec Le Royaume Bamoum Les Bamoum et les Bamiléké sont les deux grands groupes qui. Peuplent l’Ouest du Cameroun130 . Les Bamoum sont un groupe mixte descendant des conquérants Tikar et des Bamiléké qui, avec 17 % de la population (Warnier: 1993), représentent le plus grand groupe ethnique du Cameroun: ceux-ci vivent sur les hauts plateaux de l’Ouest ou la densité dépassé les 150 habitants/km2 . Seulement, malgré leurs Origines communes, ces deux groupes ont rarement eu des relations chaleureuses (Fogui, 1990: 53-54 ; Champaud, 1983: 134-135). En outre, l’histoire des peuplements des chefferies bamiléké est émaillée des rivalités qui aujourd’hui, suscitent encore des querelles de clocher et des ambitions hégémoniques. 130 On rencontre près de 20.000 dans le royaume sur la rive gauche de la rivière Mvi (arrondissement de Magba). 537 Unité culturelle et rivalités des chefferies bamiléké Il est assez difficile de faire un récit...