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487 Chapter Twenty-Five Relations Interethniques, Problématique De L’intégration Nationale Et De La Sécurité Aux Abords Sud Du Lac Tchad Thierno Bah et Saibou Issa La partie extrême nord du Cameroun, sous forme de “bec de canard”, s’enfonce dans le lac Tchad. La elle a des frontières communes avec les deux Etats voisins du Tchad et du Nigeria. Le “lac Tchad et ses abords sud constituent une zone marquée par une grande historicité. Nombreux sont les peuples du Cameroun, du Nord, du Sud comme de l’Ouest qui s’y référent comme étape décisive de leur processus migratoire multiséculaire. Le lac Tchad et ses abords ont été par ailleurs le centre de gravite du puissant Empire du Bomou qui, jusqu’au XVLe siècle, a établi son hégémonie sur une grande partie du Soudan central. C’est également vers le lac Tchad que convergealent les colonnes expéditionnaires européennes, dans leur souci de disséquer le continent africain et de se le partager. Il y a la toute une épaisseur historique sur laquelle nous n’allons pas nous étendre, mais qui reste prégnante pour l’analyse des problèmes d’aujourd’hui. Ce qui nous préoccupe dans cette étude, ce sont les relations interethniques, la Problématique de l’intégration nationale et de la Sécurité aux abords sud du lac Tchad, singulièrement sur cette portion territoriale du Cameroun qui constitue actuellement le département du Lagon et Chari, dans la province de l’Extrême Nord. Région périphérique par excellence dans la configuration du Cameroun, le Lagon et Chari nous a paru un champ d’étude privilégie pour l’analyse d’un certain nombre de phénomènes évoques dans l’argumentaire de ce colloque: - relations centre/périphérle, marginalité, régionalisme, intégration et/ou repli identitaire, territorialité et relations transfrontalières, impact des enjeux politiques “nationaux” de l’Etat sur la gestion de l’ethnicité, etc. L’intégration nationale restera une illusion tant qu’elle sera pensée et orchestrée par le haut. Une condition à cette intégration est la promotion à la base de rapports harmonieux entre les différents groupes ethniques. Or depuis quelques années, l’Afrique noire en général et le Cameroun en particulier sont secoues par des conflits communautaires qui, à terme, 488 risquent de compromettre les fragiles équilibres encore maintenus au niveau régional et national. Le Lagon et Chari nous offre un exemple éloquent qui mérite d’être étudié, pour en tirer des leçons. C’est en Janvier 1992 que la ville de Kousseri, chef-lieu du département du Logone et Chari fut le théâtre de conflits sanglants entre les deux principales composantes de la région: les Arabes Choa et les Kotoko. Les analystes ont avance différentes causes a ce drame: volonté d’affranchissement des Arabes de ce qu’ils considèrent comme une tutelle pesante des Kotoko, percée de l’intégrisme, manipulations politiques et lutte pour le leadership, etc. ... Ce qui est certain, c’est que la situation est préoccupante car, a travers les pamphlets rédigés par les élites des deux communautés, se dégagent des sentiments de rejet, de hargne et de méfiance. C’est ainsi que sur la base d’un contentieux historique larve, les deux groupes, bien qu’appartenant toutes a l’umma, se sont livres a des affrontements sanglants, au moment même ou le vent du multipartisme souffle sur le Cameroun. Il n’est pas dans notre intention d’examiner ici tous les aspects de cet épineux problème. Nous voudrions cependant combler une lacune en sondant la dimension historique. Cela permettra de cerner les fondements du conflit, d’en ressortir les enjeux et d’évaluer l’impact sur les processus d’intégration. Pour ce faire, nous nous interrogerons sur la gestion de l’ethnicité par les différent Etats et régimes politiques qui ont domine la région. L’ethnogenèse des Kotoko est en rapport direct avec l’hégémonie du Bomou qui s’établit des le 15e siècle, et surtout a la suite des campagnes militaires conduites par Idriss Alaoma au 16e Siècle. Les expéditions contre les peuples vivant dans les abords sud du Lac Tchad, notamment les Sao, vont conduire à des phénomènes intenses...

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