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13. Regionalisme, Integration Nationale et Education
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217 Chapter Thirteen Régionalisme, Intégration Nationale et Education Dorothée Kom Introduction Le régionalisme est la tendance à conserver ou à favoriser certains traits particuliers d’une région, d’une province. Le nationalisme ethnique équivaut ainsi à l’exclusivisme, a l’ethnocentrisme qui est, en fait, l’exclusion sur la base de la culture ou de la langue fondée sur l’idée selon laquelle il y aurait des niveaux différents et inconciliables d’avancement entre les cultures. Cela peut s’appeler ethnocide, i.e., le refus de parler positivement ou de reconnaitre la culture de l’autre comme valable au même titre que la votre. Le caractère péjoratif du terme ne trompe pas. La régionalisation, par contre, est un concept plus positif. Il constitue le transfert des compétences politiques, administratives et économiques des services centraux d’un pays aux organes régionaux ou provinciaux? Ceci suppose “la création d’un climat de confiance, de solidarité, de tolérance, et de respect mutuel a ‘intérieur de l’Etat. Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit ici. On est à la recherche de l’équilibre entre les exclusions, de micro nations ethniques qui s’excluraient les unes les autres faute de trouver des points de rencontre sécurisante pour assurer la survie de chacune d’elles. Et voila le Cameroun qui s’engage dans la valse des conférences et des séminaires sur l’intégration ethnique ou régionale, la recherche des éléments de convivialité entre les cultures et les ethnies. Il y a deux ans presque jour pour jour, le 23 septembre 1993, le groupe dit “C3 “, entendez: “Collectif Changer le Cameroun” organisait, ici même a Yaoundé, un colloque sur le thème “Ethnies et développement national”. Y prenaient part quelques unes des sommités intellectuelles dont regorge le Cameroun. En Juin 1995, s’est tenu, toujours ici a Yaoundé, un autre colloque sur le thème, “Pluralisme culturel et convivialité au Cameroun” organise par, l’Agence Interdisciplinaire de Recherches Sociales et Culturelles (AGIREC). 218 J’ai assiste aux deux et je suis convaincue qu’il y en a eu d’autres et sous d’autres formes également. Lorsque j’ai pris connaissance du thème de la conférence d’aujourd’hui, je suis restée quelque peu pensive, devant le foisonnement des débats autour de la question ethnique et de sa relation à la Nation. Cette fois sollicitée pour intervenir activement, je me suis demande pourquoi ce sujet préoccupait tant les esprits et ce qui avait pu manquer aux débats précédents, pour que les réflexions exprimées constituent un début de solution. Au détour de la réflexion, j’ai compris que la faille devait se trouver quelque part entre des images déformantes que les camerounais ont reçu dans leur vécu quotidien volontairement sectariste, l’aspiration a un vivre collectif informe par une démarche a laquelle tous contribueraient activement, et la difficulté, la peur et la douleur de rompre avec le connu pour un inconnu, encore a inventer. De l’équilibre Régional Avant 1983 IL a été dit et redit: Le concept “d’équilibre régional” renvoie clairement a la politique des quotas ethniques, ou régionaux si l’on préfère, décrètes par Ahmadou Ahidjo en 1982 (décret No 82/407 du 7 Septembre 1982 modifiant certaines dispositions du décret No 75/496 du 3 Juillet 1975 fixant le régime général des concours administratifs). Traduit en termes d’application par un arrête du Ministre de la Fonction Publique d’alors (l’Arrête N 010467/MFP/D du 4 Octobre 1982), le décret consacrait, neuf ans âpres la proclamation officielle de l’unité nationale, l’aveu du cuisant échec d’une vision qui n’a pu se transformer en réalité sociale: celle de sortir les nations ethniques de leurs solitudes, de leur méconnaissance et exclusion mutuelles pour collecter leurs valeurs humaines, culturelles, morales et intellectuelles et en faire le socle de la création de la Nation camerounaise. Ahmadou Ahidjo, Père de la Nation, admettait a la face du monde que celle-ci, qu’il disait unie et qu’il avait maille a faire démarrer, était quasiment mort-née. Il reconnaissait que l’Etat qu’il avait dirige de main de...