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195 Chapter Twelve Equilibre Régional, Replis Identitaires Et Fragilisation Croissante De L’intérêt National: Vers Un Effet “Boomerang” De La Politique Des Quotas Au Cameroun Zambo Belinga Joseph-Marle Introduction La problématique de l’intégration nationale est certainement au Cameroun l’une des questions les plus préoccupantes et délicates qui s’est posée et se pose même encore, au-delà d’une quelconque quiétude qu’afficheraient les gouvernants dans leurs discours officiels. Le caractère préoccupant du débat sur l’intégration nationale au Cameroun trouve son fondement dans la configuration sociopolitique et donc culturelle de ce pays. Le Cameroun est en effet compose d’une mosaïque de peuples a des manières de vivre différentes. C’est cette réalité qui lui a valu le qualificatif d’ “Afrique en miniature”. Cette extrême hétérogénéité socioculturelle pose un problème fondamental: comment procéder pour mettre sur pied un modèle de société au sein de laquelle cette hétérogénéité soit quotidiennement mue par une conscience commune, une communauté de dessein afin de pallier l’éventualité (plus plausible) d’une manifestation plus accrue des intérêts identitaires. Le caractère délicat du débat sur l’intégration nationale quant à lui tient au fait qu’une option prise par les gouvernants n’est pas toujours à l’abri d’éventuelles récriminations générées par des sentiments de frustrations plus ou moins justifies dus à l’accès (facile ou non) des localités à ce qui est désormais considère aujourd’hui comme le “gâteau national”. Jean Pierre FOGUI ne se trompe donc pas lorsqu’il affirme dans son ouvrage que ‘Le Cameroun est l’un des pays les plus difficiles à gouverner en Afrique Noire’’. Pourtant, nonobstant l’extrême complexité de la société camerounaise, les gouvernants se devaient bien d’opérer un choix, mieux de mettre sur pied un modèle de développement qui tienne compte de cette configuration. Aussi, optèrent-ils pour une politique d’équilibre régional qui peut s’entendre 196 comme étant une politique de développement économique, social et culturel qui prône la participation et la représentation effective de toutes les régions du Cameroun au sein des structures de l’état. Mais l’application de cette politique a-t-elle véritablement conduit à l’intégration nationale et à l’unité du pays ou au contraire, n’a-t-elle pas favorise l’accentuation de l’instinct tribal chez les camerounais? Quelle lecture peut-on faire aujourd’hui, au moment où l’on parte de régionalisme et dans un contexte où les revendications sécessionnistes de certaines communautés camerounaises” se font de plus en plus à ciel découvert, des trois décennies de pratique effective de l’équilibre régional? Voilà quelques pistes d’interrogation qui sous-tendent la réflexion que nous nous proposons d’esquisser au cours de ce travail. L’analyse de la politique des quotas mise sur pied au Cameroun dans le souci officiel d’asseoir un développement équilibré de toutes les régions du pays en vue de promouvoir l’intégration nationale, que nous voulons entreprendre ici s’ordonnera autour de la thèse selon laquelle l’adoption et conséquemment l’application de la politique des quotas comme mode de promotion de l’intégration et de l’unité au Cameroun s’est soldée par un échec. La diversité des origines des élites administrative, politique, militaire, intellectuelle etc. que cette politique garantissait n’a pas pu donner leu au niveau de l’Etat, à l’enracinement d’un sentiment de communauté de dessein parmi celles-ci. IL y a donc eu, non disparition de l’attachement à la tribu, localité ou région d’origine, mais plutôt pérennisation de ce sentiment. Il s’agit ainsi d’une saisie des dysfonctions nées de l’application de la politique de l’équilibré régional au Cameroun, c’est-à-dire des débordements qu’a entraines l’application de cette politique. Pour mieux cerner notre cheminement, il nous semble opportun de préciser le champ théorique sous le prisme duquel nous avons place notre analyse. Nous pensons en effet que la nouvelle sociologie critique nous sera d’un apport considérable au cours de notre analyse de la politique des quotas telle...

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