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xi Préface Métis (culturel et linguistique), camerounais et anglophone, comment William F. Ndi ne serait-il pas un de ces minoritaires qui n’ont de place réservée nulle part, ni dans leur propre pays où les Noirs francophones tiennent le haut du pavé ni dans la blanche France d’où rayonne l’idéologie francophone ? Prenant lucidement en charge ce vécu existentiel, Ndi ne se laisse pas aller aux gémissements et à l’apitoiement sur son sort et entreprend, en langue française, par une sorte de défi, une œuvre poétique originale, à mi-distance entre dérision, tendresse et lucidité attristée. Certes le fonds de son inspiration est-il vigoureusement protestataire, contre tous les ridicules odieux et oppressifs des tyranneaux locaux aussi bien que contre les manœuvres souterraines des puissances coloniales tutélaires, certes la majorité de ses poèmes sontils , derrière le rire, teintés d’amertume et de larmes, mais il sait aussi rebondir avec une agilité d’acrobate en composant des poèmes ludiques portés par une spatialisation savante alternant avec d’autres textes de facture plus simple qui sont de brèves évocations mélancoliques de son enfance camerounaise – sa famille, ses premiers maîtres, ses années de lycée ou d’université. Ainsi le lecteur est-il invité à un parcours chatoyant et attractif. Pour évoquer ces moments étranges où le soleil brille à travers la pluie la langue française possède l’heureuse expression: « C’est Jean qui rit et Jean qui pleure. » Transposons en « William qui pleure / William qui rit », pour tenter de faire sentir le charme de la musique moqueuse, persifleuse et aiguë d’une petite flûte qui perce obstinément la pesante chape de silence qui étouffe la voix des petites gens, d’autant plus humiliés et offensés qu’il s’agit de minoritaires, comme s’ils étaient d’un autre noir que les autres et d’une autre humanité que nous. Pr.DanielDelas,(PrEméritedessciencesdulangage,UCP) ...

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