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3 Histoire de la traduction et de l’interprétation en pays beti : De la période coloniale à nos jours Moïse Ateba Ngoa L’histoire de la traduction et de l’interprétation en pays beti a connu des fortunes diverses en fonction des différents protagonistes impliqués et des époques considérées. Il s’agit, dans la présente étude, de parcourir l’ensemble de ces époques pour montrer le parcours effectué par l’opération traduisante dans le pays beti de la période coloniale à nos jours et d’évaluer la contribution des différents acteurs de cette histoire de la traduction et de l’interprétation interlinguales dans la société beti. Mais avant toute chose, il est judicieux de définir certains concepts-clés utilisés dans le cadre du présent travail, notamment ceux de Beti et de pays beti. Bon nombre de chercheurs tels que Laburthe-Tolra (1981) et Jean-Pierre Ombolo (1998) entre autres se sont penchés sur la question. En effet, ce dernier écrit à ce sujet : « Il existe en effet un pays Beti [sic]. Il a pour assise un territoire géographiquement bien délimité et dont la réalité a été prise en compte dans les découpages administratifs de la région du centre et du sud du Cameroun. »1 Par ailleurs, ces travaux édifiants présentent les Beti comme un sousgroupe de l’ethnie pahouine. De l’avis de Jean-Pierre Ombolo, la plupart des Beti étaient installés au nord du fleuve Sanaga mais ceux-ci ont par la suite entrepris un mouvement migratoire en direction des forêts du sud du fleuve pour des raisons d’ordre économique. C’est ainsi que l’on retrouve les tribus établies au nord de la Sanaga. Il s’agit des Bati, des Ngoro, des Kombe, des Badjou, des Bavek, des Yangafuk. Les tribus établies de part et d’autre de la Sanaga comprennent les Tsinga-Betsinga, encore appelés Batchenga et les Mvele qui se trouvent au bord de la Sanaga et au nord de Yaoundé. Puis il ya des tribus ayant traversé en totalité la Sanaga. Il s’agit des Manguissa, des Eton, des Ewondo, des Etudi, des Etenga, des Yanda, des Evuzok, des Bene, des Fong, des Mbida-Mbani et des Mvog Nyengue. A ces tribus s’ajoutent celles qui sont 36 Perspectives on Translation and Interpretation in Cameroon pahouinisées ou en voie de pahouinisation pour avoir marché dans le sillage des Beti. C’est le cas des Bamvele et des Yekaba. Enfin, il ya les tribus pahouinisées ou en voie de pahouinisation trouvées sur place par les Pahouins. Ce sont les Pygmées, les Maka, les Mabéa et les Kozime constitués de l’ensemble Dzem, Dzimou et Badzoué. Mais au-delà des critères d’ordre ethnique sus-évoqués, il apparaît que le concept de Beti déborde largement ce cadre et connaît une extension considérable. Il est par exemple difficile d’imaginer un groupe beti sans les Fang et les Boulou en raison du système culturel que ces tribus ont en commun avec les autres tribus pahouines. C’est dire que ceux-ci sont pris en compte et font désormais partie intégrante du grand ensemble beti. En outre, le terme Beti peut être considéré comme le pluriel de Nti qui signifie seigneur ou noble. D’où le titre évocateur de l’ouvrage de Philippe Laburthe-Tolra consacré à l’étude de la société beti : « Les Seigneurs de la forêt : Essai sur le passé historique, l’organisation sociale et les normes éthiques des anciens Beti du Cameroun » (1981). L’utilisation qu’en fait Charles Atangana Ntsama, chef supérieur ewondo et benë permet de voir ce terme en contexte dans les Jaunde Texte ou Textes ewondo publiés en 1913. En effet, dans le texte de la conférence qu’il donne en Allemagne (Texte 46, p. 121-129), le conférencier s’adresse en ces termes aux Allemands : « a mintomba mi bininga ai beti befam ».2 Ce propos est traduit en français par Jean-Marie Essono et Philippe Laburthe-Tolra par « Honorables Dames et Messieurs, »3 ce qui laisse comprendre que les Allemands auxquels il s’adresse sont beti befam rendu par « Honorables Messieurs. » Il s’agit là d’un terme que l’on rencontre généralement sous forme de substantif, mais qui fonctionne ici...

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