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143 Les étudiants africains et la littérature négro-africaine d’expression française 31 Note de lecture sur Kaïrée de Cheikh Aliou Ndao Extrait de L’Etudiant sénégalais, Journal mensuel de l’Association des Etudiants Sénégalais en France (AESF) n° 2 février 1964 Cheick Ba Notre camarade Chèc Ndao vient de faire publier un recueil de poèmes, Kaïrée, prix des poètes sénégalais de langue française 1962. Le recueil comprend une quinzaine de poèmes, d’inégale longueur, mais d’égale chaleur et d’égale vigueur. Dans tous les poèmes, le poète vit et revit l’Afrique et nous entraîne parfois gaiement, mais d’une façon toujours pittoresque, vers la saisie de ses moindres aspects : L’Afrique des calamités naturelles, à la domestication difficile :« Lassitude des longues pentes arides Vers les cœurs inexpugnables Trop duré la pluie silencieuse des blanches sauterelles Sur mes nuits d’insomnie ». L’Afrique de la misère, de la faiblesse devant une nature hostile :« Afrique Les toits de tes cases Griffent le ciel sourd A l’anxiété de leur misère Ma prière du matin du soir ». L’Afrique d’hier, envahie par les colonialistes, « hôtes non invités » et « vautours centenaires », penchés avec cynisme sur sa chair qu’ont défendue le canon, la poudre, le dibi, la lance et le dioung-dioung. Si le poète fait chanter le griot de ses ancêtres, Samba Niambali, c’est moins parce qu’il se plaît à dormir sur leur gloire passée et d’en tirer orgueil, que pour prendre exemple sur eux dans la lutte qu’il mène actuellement contre ces mêmes ennemis, restés les mêmes sous un masque nouveau. C’est l’occasion pour lui d’exalter en même temps la valeur du « lion de Guilé », Ali Boury Ndiaye et Yang-Yang, le résistant qui de « Mouk-Mouk au Macina » a prouvé qu’il était l’un des plus grands stratèges de la résistance contre les colonialistes. L’évocation de la lutte de libération actuelle est d’une vigueur et d’une force expressives. Les poèmes A Jomo Kenyata, 144 Les étudiants africains et la littérature négro-africaine d’expression française Pleurs (à David Diop), Larmes de flammes pour Lumumba en contiennent l’essentiel. Ce dernier poème mériterait une étude spéciale vu sa richesse, son contenu et la construction du vers. Chec ne nous fait pas seulement revivre ou vivre cette atmosphère d’héroïsme, de « la fougue furieuse des galops d’antan », il prend position et se sent engagé plus que jamais. Ecoutons-le encore dans Pleurs (à David Diop) :« Ceux qui puent la peur des prisons Ne sont pas de mon horizon Ceux qui lèvent leur verre à la prospérité Des possesseurs A l’exploitation des leurs Ne sont pas de mon horizon Mes pagnes aux lutteurs ». Il nous donne des exemples de lutteurs :« Boiront à ma gourde de miel Toi Kenyata Dans ton château de solitude guetté des guêtres et des casques d’acier Grimaçant derrière les barbelés Toi Kwamé A ma droite Dans le cercle des Adoptés Toi Petit wolof de Rufisque Devinant les couchers de soleil Sur Soumbedioun De tes fenêtres d’ombre ». Le poète, parfois pittoresque, espiègle ou « sentimental » nous entraîne par un rythme de tam-tam et de griot vers les chemins de la vie Africaine et les Africains. C’est la veillée, la réjouissance au clair de lune, au cours de laquelle se goûte le charme de la femme africaine :« Yama, Yama Ndiaye Que donnerai-je à Koumba Laobé Pour ton collier d’ambre Pour ton galé Caprice de mes doigts de Rebelle O veillée O soirées Sur le sable jaune de Yang-Yang ». [3.17.28.48] Project MUSE (2024-04-19 13:59 GMT) 145 Les étudiants africains et la littérature négro-africaine d’expression française C’est le chant du griot, avec tout le rythme et le pitto-resque qui l’accompagnent habituellement :« Kenyatta Je clame ton nom la main sur l’oreille je me tourne vers le Nord le Sud l’Est l’Ouest ». C’est la danse endiablée de la charmante fille sénégalaise : regardons Koumba Laobé danser...

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