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109 XIX T rès tôt ce matin, une mauvaise nouvelle fait le tour des usines, des entreprises et des chantiers : Le vieux délégué syndical a été arrêté par la police vers trois heures du matin, et amené à une destination inconnue. Sa maison, entourée de policiers, a été fouillée et rien de grave n’a été trouvé chez lui. Aussitôt à l’appel de leurs syndicats, tous les ouvriers de la SNIB, puis de toutes les usines de Zado, ont arrêté le travail et cherchent des nouvelles. Ils veulent savoir la conduite à tenir. La centrale syndicale a envoyé des délégués dans chaque usine de Zado pour dire ce qu’il faut faire : tout le monde doit « débrayer », en attendant que la centrale ait des nouvelles sur le lieu de détention de leur camarade, ses conditions de détention, les raisons de son arrestation. Des informations précises seront communiquées aux ouvriers. Léonard, Camille et leur bureau du comité syndical, rassemblent les ouvriers de la SIFAC pour communiquer les directives de la centrale. Un comité de vigilance est monté pour surveiller les allées et venues des patrons, et d’éventuels traîtres qui tenteraient de travailler. Toute la zone industrielle de Zado est paralysée. À Kira, des véhicules de police vont et viennent dans les rues de la ville pour surveiller les sièges des syndicats et des partis d’opposition, les attroupements et les allées et venues des travailleurs. Certains religieux courageux qui osent parler clairement du caractère injuste de l’arrestation sont inquiétés. La police a menacé M. l’Abbé Patrice à la paroisse de Tögssida ainsi que l’imam d’une mosquée. Ces religieux ont, diton , dénoncé l’injustice sociale et l’arrestation du vieux syndicaliste dans leurs prêches aux fidèles. 110 Emmanuel Kouraogo Vers neuf heures, un papier de la centrale syndicale est distribué aux travailleurs. Il dit que le vieux syndicaliste est détenu à la direction nationale de la sûreté. Il dit que la police est en train de l’interroger et qu’on lui reproche d’« inciter les citoyens à la révolte contre l’autorité de l’État ». Le papier s’élève contre cette accusation, et exige la libération immédiate et sans condition du délégué syndical. Il appelle à une grève générale dans tout le pays, et à une marche jusqu’à la Direction nationale de la Sûreté à Kira, pour obtenir sa libération. Le papier invite enfin chaque travailleur à rester mobilisé et vigilant et se termine par des slogans. Léonard et Camille, qui connaissent personnellement le vieux syndicaliste, se montrent particulièrement dynamiques. Il lisent et commentent les informations reçues. Ils révèlent aux ouvriers que c’est suite à la session de formation des délégués et responsables syndicaux animée par le vieux délégué syndical, que celui-ci a été arrêté. Cette réaction du pouvoir politique et du patronat montre toute l’importance de ce qu’ils ont appris à la session de formation syndicale. C’est là une preuve que la bourgeoisie capitaliste et le gouvernement veillent à ce que les ouvriers ne comprennent rien de la lutte syndicale, et surtout des questions politiques. C’est aussi une preuve vivante que ce que les grands éducateurs du prolétariat ont enseigné depuis des centaines d’années reste vrai jusqu’aujourd’hui. Mais comment ontils appris ce qui a été dit dans la formation ? Leur salle était-elle mise sous écoute téléphonique, ou y avait-il un agent de police infiltré dans la session ? Ceci leur fait déjà tirer deux leçons : premièrement, les libertés démocratiques, comme celle de se former sur les luttes syndicale et politique n’existent pas réellement pour la classe ouvrière dans ce pays, et il faut se battre pour cela ; ensuite il faut être vigilant pendant les sessions de formation véritablement [18.221.235.209] Project MUSE (2024-04-19 13:11 GMT) 111 Bi Tirga révolutionnaires, car elles ne sont pas du goût du patronat et de la bourgeoisie capitaliste, et peuvent être espionnées par l’ennemi de classe. À quelques minutes de la grande marche décidée par la centrale, des travailleurs venus de tous côtés vont à la bourse du travail de Kira...

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