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85 Chapitre III Valeur des rites et cérémonies fondamentaux en pays Bamiléké C omme tout Africain, le Bamiléké vit généralement en société et pose peu d’actes strictement individuels. Tout se passe en communauté. Les évènements heureux ou malheureux sont vécus par le groupe : (naissance, mariage, maladie, mort et funérailles). A chacune des occasions, le Bamiléké se montre encore plus solidaire. Quand un membre du groupe est en joie, tous se réjouissent avec lui. S’il est en peine, les uns et les autres compatissent. Ce faisant, ils vivent sans nul doute la solidarité des membres du groupe. Divers rites intégrant les éléments de la tradition offrent une possibilité de renouer avec la coutume ; c’est un ensemble de règles d’action telles que, travailler, ne pas mentir, ne pas voler, ou encore aimer son prochain comme soi même… On peut y voir l’établissement d’une échelle de valeurs à laquelle tout membre de la société est soumis. Ces valeurs se retrouvent dans les rites et cérémonies quotidiennes. Nous proposons de revenir sur quelques valeurs qui règlent au quotidien la vie des individus (naissance, mariage, initiation, funérailles). Avant de nous intéresser à chacune de ces étapes, nous faisons une remarque préliminaire qui fonde la pratique du rituel dans quelque aire culturelle que ce soit : Afrique, Amérique, Asie ou Europe, quelle que soit la pratique religieuse prise en considération. A. Les fondements des pratiques rituelles Des chercheurs africains regroupés autour de Kotto Essome1 ont récemment mis en relief une notion que peu de chercheurs, en Europe comme en Afrique ont encore intégré dans la grille de leur lecture des réalités africaines. Les uns et les autres restent attachés aux paramètres légués par les anthropologues -ethnologues et autres sociologues des XIXe et XXe siècles. La nouvelle notion lancée dans le cercle des amis de ce philosophe camerounais et qui mérite une attention particulière des chercheurs surtout africains est l’endocentrisme.2 Elle a été suggérée précisément par la cohérence 86 Valeurs religieuses et développement durable et la pérennité qui ont caractérisé la longue et inégalable civilisation de l’ancienne Egypte. Partant du fait reconnu, comme nous le disions dans les lignes précédentes, que l’Egypte était africaine dans son écriture, dans sa culture, et dans sa manière de penser, selon l’Egyptologue Jean Leclant, il a été loisible à Kotto Essome et ses amis de retrouver cet endocentrisme dans l’univers culturel africain et plus précisément dans le domaine religieux qui nous intéresse. Il s’agit d’une interconnexion existentielle entre tous les éléments qui constituent les composantes de l’univers, aussi bien dans l’ordre du visible que dans celui de l’invisible. L’historien théologien -exégète et égyptologue camerounais, Kange Ewane dans le sillage des remarques de Kotto Essome et de son équipe, a projeté ce concept d’endocentrisme sur le diagramme suivant. Schéma 3 : Diagramme de la représentation de la transcendance  Ordredes ancêtres Homm e spirituel Hom m ePhysique Ordreanim al Letranscendant Ordredes génies Ordredes esprits Ordrevégétal Ordre minéral [3.17.150.163] Project MUSE (2024-04-25 06:00 GMT) 87 Valeurs des rites et cérémonies fondamentaux en pays Bamiléké Le diagramme présente les neuf (9) spirales qui représentent les neuf (9) ordres du monde. La première, située au centre est génératrice des huit (8) autres qui s’imbriquent progressivement les unes dans les autres. Des huit (8), trois constituent la sphère invisible faite des esprits, des génies et des ancêtres ou saints. Les trois autres forment la sphère visible faite des ordres animal, végétal et minéral. Entre les deux sphères à composition triptyque, se situent les deux spirales qui constituent l’homme. Celui-ci participe donc, sous l’influence des énergies immatérielles spirituelles et invisibles, et à la sphère matérielle et visible. Il est donc sous l’influence des énergies venant d’en haut, ordre invisible, et de celles venant d’en bas, ordre visible. C’est dans ce sens que D. Zahan a défini l’homme comme étant un...

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