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7 Introduction Les archives universitaires de la K.U.Leuven possèdent un curieux document. Il s’agit des notes de voyage du futur professeur Raymond Buyse, qui se rendit aux États-Unis au printemps 9, en compagnie de la figure de proue de l’éducation nouvelle en Belgique, à savoir Ovide Decroly.1 Ce sont des gribouillis, parfois difficiles à déchiffrer, rédigés sur des feuilles volantes (9 x  cm) réunies dans un classeur à anneaux d’origine allemande.2 Ils témoignent du choc culturel que la confrontation avec cette nation éblouissante suscita en Buyse. Cet inspecteur de l’enseignement primaire fraîchement nommé à Saint-Gilles (Bruxelles) 3 y consigna toutes sortes de faits dignes d’attention et de réflexion, en plus de notes et de documents de fond qui déboucheront sur plusieurs publications. Selon les phrases d’introduction, les annotations de Raymond Buyse, alors âgé de trente-deux ans,4 contribueraient à occuper les futures longues soirées d’hiver auprès de sa bien-aimée à Tournai, ville où il a d’ailleurs habité toute sa vie.5 En tant qu’ancien maître d’école, il ne pouvait manifestement manquer de représenter certaines impressions de 1 Leuven, Universiteitsarchief K.U.Leuven [Archives de l’Université K.U.Leuven]. Archives Raymond Buyse, boîte 22. 2 Le carnet de notes était, selon l’encart publicitaire qui y était inséré, un Soennecken’s Kollegbuch mit auchwechselbaren Blättern. 3 Voir R. Buyse, L’exploration de la fonction motrice : les tests moteurs, in : Segona confèrencia internacional de psicotèchnica aplicada a l’orientació científica del treball, Barcelona, Institut d’Orientació Professional, 1922, pp. 155-168. 4 Il est né le 8 septembre 1889. 5 Il y est décédé en 1974. Les recherches dans les archives nous ont permis de retrouver successivement deux adresses: Vieux Marché au Beurre, 6 – lors de son inscription au Congrès International de Pédologie (1911) – et après sa nomination à Louvain : rue de Saint-Georges, 1bis. 8 manière visuelle également. Dès la première page du carnet, on tombe sur un dessin de la statue de la liberté à Ellis Island avec, en arrière-plan, les gratte-ciel de Manhattan – panorama iconique, qui symbolise non seulement l’arrivée dans le port de New York, mais, en fin de compte, l’idée même de l’entreprise. Decroly et Buyse étaient selon toute probabilité les premiers chercheurs belges dans le domaine des sciences psychologiques et pédagogiques à partir après la fin de la Première Guerre mondiale pour les États-Unis6 afin de « s’informer » explicitement sur les « progrès » qui avaient été accomplis à cet égard.7 Pour au moins deux raisons ce spécimen du « patrimoine académique intellectuel » mérite d’être sauvé de l’oubli. D’une part, il constitue une mine d’or pour la recherche en histoire culturelle de la migration mentale, de même que de la perception correspondante du contexte culturel à partir duquel on souhaitait importer des conceptions, des idées, des théories, des méthodes et des techniques scientifiques. D’autre part, du point de vue de l’histoire de la science, il montre pour ainsi dire la face cachée de l’activité scientifique que l’on se proposait d’étudier. La mission de Buyse et de Decroly consistait tout d’abord, comme cela apparaîtra encore de manière circonstanciée par la suite, dans l’étude et la promotion du mouvement des tests américains et de l’educational psychology sous-jacente à ce dernier. Mais les deux voyageurs s’intéressaient également aux applications de la psychologie en matière d’orientation professionnelle, à cer6 Avec le soutien financier de la Commission for the Relief of Belgium (C.R.B.), d’où naîtra en 1920 la Belgian American Educational Foundation. Voir http://www.rememberinghoover.be/Belgian_Relief.htm, consulté le 25 janvier 2011. 7 Voir O. Decroly & R. Buyse, Les applications américaines de la psychologie à l’organisation humaine et à l’éducation , Bruxelles, Lamertin, 1923 (= Documents Pédotechniques, II,2), p. 56 : « si nous avons pu rapporter une riche moisson de documents et de faits, dont notre pays pourra, nous l’espérons, bénéficier largement, c’est grâce au geste généreux de la Commission of Relief for Belgium, dont le grand Américain, Herbert Hoover, est le président ». [18.217.144.32] Project MUSE (2024-04...

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