Les peintures sur vases de Nagada I - Nagada II: Nouvelle approche sémiologique de l'iconographie prédynastique

1 - Introduction

11 1 - INTRODUCTION 1.1 - Le contexte historique, chronologique , environnemental et culturel La culture dite de Nagada s’épanouit en HauteEgypte vers 3900 av. notre ère et perdure jusqu’à la premi ère dynastie, vers 3050 av. notre ère. Dès 3500, elle concerne toute la partie égyptienne de la vallée du Nil. 1.1.1 - L’historique des recherches archéologiques Cette période a été longtemps méconnue; en effet, on a considéré pendant des siècles que les débuts de la civilisation en Egypte coïncidaient avec la pyramide de Djoser à Saqqara. La découverte d’un passé plus ancien est due à l’archéologue anglais W.M.F. Petrie. Il mit au jour, à la fin du XIXème siècle, les premiers vestiges attestant de l’existence d’une culture antérieure à la civilisation pharaonique, à Nagada, dans le Main Cemetery où il fouilla plus de deux mille tombes (Baumgartel 1970). J. de Morgan fut le premier à considérer que ces tombes appartenaient à une population, certes antérieure à la civilisation pharaonique, mais ancêtre des Égyptiens. Les premières recherches furent menées sur les sites de Nagada (1894-1895), Ballas, Hu, Abadiya ou Diospolis Parva. Après une querelle sur l’authenticité de l’origine de la civilisation égyptienne dans ces cultures, on a pu commencer à écrire une nouvelle page de l’histoire du pays. Parmi les grands pionniers de la recherche sur la période dite prédynastique, on peut nommer les Français E. Amélineau ou J. de Morgan, qui travaillèrent eux aussi sur les grandes nécropoles de Haute-Egypte et H. de Morgan à El-Adaïma; les Anglais J.E. Quibell et F.W. Green (Quibell 1900, Quibell & Green 1902), qui fouillèrent Hiérakonpolis. Au début du XXème siècle, les grands sites nagadiens furent découverts et fouillés, comme Abydos par T.E Peet et W.L.S Loat en 19091910 (Peet 1911-1912; Peet 1914), el Amrah par D. Randal-McIver et A.C. Mace en 1901 (Randal-McIver & Mace 1902), Mahasna par E.R. Ayrton et W.L.S. Loat en 1909 (Ayrton & Loat 1911), Gerzeh par W.M.F. Petrie et G.A. Wainwright (Petrie et alii 1912), Harageh par R. Engelbach (Engelbach & Gunn 1923). Il y eut encore des fouilles importantes menées à Badari par G. Brunton (1927-1930) et G. CatonThompson entre 1922 et 1931. Cette dernière a également fouillé avec E.W. Gardner dans le Fayoum en 1924-1925 (Caton-Thompson & Gardner 1934).Armant fut fouillé par R.L. Mond et O.H. Myers (1937). Le site de Basse-Egypte de Merimdé Beni Salame fut dégagé par l’Autrichien H. Junker de 1928 à 1939 (Badawi 1978). Après un calme relatif jusqu’aux années 1970, les investigations furent reprises sur des grands sites comme la nécropole d’Oumm el-Qaab à Abydos par l’équipe de G. Dreyer (1998, Dreyer et alii 1996, 1998, 2000, 2003), à Hiérakonpolis par celle de M. Hoffman (Hoffman 1982; Adams 2000), B. Adams (1999, 2002, 2004) et R. Friedman (Friedman et alii 1999, Friedman 2004) ou el-Adaïma par l’équipe de B. Midant-Reynes Reynes (Midant-Reynes & Buchez 2002, Crubézy et alii 2002), à Elkab par des archéologues belges des Musées Royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles (Vermeersch 1978, Hendrickx 1994a). On vit également apparaître un intérêt assez nouveau pour les sites de Basse-Egypte, avec la fouille de Maadi dans le cadre d’un programme de recherche de l’Université de Rome dirigé par I. Caneva (Caneva et alii 1987) entre 1977 et 1987, poursuivie ensuite par des archéologues allemands (Hartung 2003a,b), la reprise de la fouille de Mérimdé Beni Salame par J. Eiwanger (1984 à 1988), celle de Minshat Abou Omar par D. Wildung (Kroeper & Wildung 1985, 1994, 2000), de Bouto (von der Way 1989, 1997). En plus, les anciennes fouilles de Maadi (Rizkana & Seeher 1987 à 1990), Héliopolis (Debono & Mortensen 1988) et el-Omari (Debono & Mortensen 1990) furent publiées. A présent, le travail continue sur un grand nombre de sites, aussi bien en Haute-Egypte qu’en Basse-Egypte (cf. Hendrickx & van den Brink 2002). 1.1.2 - L’environnement Le climat Depuis quelques décennies, l’archéologie de terrain est complétée par des études concernant le climat, ses répercussions sur le régime du Nil, sur la faune et la flore. Ces...