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9 Vidéo et espace politique : le cas de la Côte d’Ivoire Oumar Silué N'Tchabétien Introduction Les nombreuses crises qui traversent la Côte d’Ivoire depuis le décès du Président Félix Houphouët Boigny ont abouti à un conflit manifeste dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002 (Akindès 2004). Les insurgés se retranchent dans la zone nord pendant que le sud est sous le contrôle des forces loyalistes. De part et d’autre de la frontière qui sépare les deux antagonistes, de nombreuses productions médiatiques et des organisations naissent. Si beaucoup d’entre ces organisations ont vu le jour à la faveur de la crise (comme le Tout Puissant Congrès d’Abobo) (Silué 2006:35), il n’en demeure pas moins que certaines exercent depuis longtemps. Ces espaces se sont forgés une solide réputation en Côte d’Ivoire en donnant la possibilité aux ivoiriens de se prononcer sur les sujets qui occupent le devant de l’actualité locale et internationale. De jeunes hommes, s’y retrouvent pour échanger sur la culture, l’école, l’économie, etc. Ils exercent sous deux formes : les « grins » d’une part et les « agoras et parlements » d’autre part. Dans un tel contexte, les espaces de discussion de rue connaissent, depuis quelques années, de profondes mutations. Les produits numériques (supports CD, DVD et VCD, appareils photos numériques, baladeurs i pods) y ont été introduits de façon spectaculaire. L’objet de cet article est de montrer comment en produisant des supports électroniques politiques, les espaces de discussion de rue participent à la production artistique numérique en Côte d’Ivoire. Sur la base d’enquêtes réalisées notamment à la « Sorbonne » d’Abidjan-Plateau, lieu par excellence de la production et de la diffusion des supports de communication des espaces de discussion de rue, nous tenterons de circonscrire, à partir d’une Productions culturelles africaines contemporaines 198 approche diachronique, le positionnement de ces espaces sur le marché culturel ivoirien. Il s’agira par la suite, de dégager le rôle particulier joué par la « Sorbonne » dans la production et la diffusion de produits numériques à caractère politique. Des premiers espaces de discussion de rue : la Sorbonne La « Sorbonne » se présente comme la matrice des espaces de discussion de rue. Elle est le premier espace formel de ces lieux de débats publics. Cet espace a subi des changements à la faveur des contingences sociopolitiques. Un espace culturel La « Sorbonne » est située dans la commune du Plateau. Localisée au cœur du District d’Abidjan, cette commune couvre un espace de 394 ha communément appelé « langue de terre » du fait du front lagunaire (ébrié) qui entoure ses flancs Est (baie de Cocody) et Ouest (baie du Banco). Après avoir abrité l’administration coloniale en 1934, le Plateau est devenu avec les changements socioculturels et politiques, le centre de la vie politique, économique et sociale de la Côte d’Ivoire. C’est en 1980 que la ville d’Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoire commence à ressentir les prémisses de l’explosion de l’urbanisation galopante. De 1955, date du premier recensement de la ville (120 000 à 125 000 habitants) à 1975, date du recensement général de la population, le taux d’accroissement annuel moyen dépassait les 10 pour cent. Ce développement spectaculaire est consécutif au percement du Canal de Vridi, à l’arrivée du chemin de fer « Abidjan-Niger » et à l’ouverture du port en eau profonde d’Abidjan. La disponibilité d’importants emplois urbains ne nécessitant pas une qualification professionnelle préalable, la facilité de s’installer dans l’informel va attirer la population nationale et étrangère. Au niveau économique, Abidjan abrite le principal port du pays et cette fonction portuaire a favorisé l’installation de nombreuses industries. L’importance de l’activité du port d’Abidjan est caractérisée par une croissance constante due en partie à l’importance du trafic maritime des pays voisins. Selon l’Institut National de la Statistique (INS), la ville offrait 60 pour cent des emplois du secteur industriel, assurait 80 pour cent de la production et 90 pour cent de la valeur ajoutée du commerce moderne en 1988. La Sorbonne occupe le site en réfection de l’immeuble « les soixante logements », bâtiment du patrimoine de l’Etat...

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