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7 Industrie musicale au Sénégal : étude d’une évolution* Saliou Ndour Introduction Les années 1980 ont vu le Sénégal amorcer un grand virage dans le domaine de la musique. L’ère de l’industrie musicale fit son apparition avec l’installation de studios d’enregistrement qui contribuèrent à l’explosion de la musique au Sénégal. Les artistes eurent la possibilité de trouver sur place pour se faire enregistrer ce qu’ils allaient chercher en Europe ou en Amérique. Les groupes musicaux se multiplièrent en suscitant ainsi un fol engouement auprès du public. /HVUHWRPEpHVQHVHILUHQWSDVDWWHQGUHDXSODQLQWHUQDWLRQDO¬OHVWRXUQpHV devinrent fréquentes à l’étranger, les consécrations s’échelonnèrent (disques d’or, de platine, nominations au Grammy Awards, etc.). Les artistes comme Youssou Ndour, Baba Maal, Coumba Gawlo Seck, Thione Seck, Didier Awadi, Omar Péne et autres jouèrent sur les grandes scènes mondiales. Du coup l’image du musicien se trouve radicalement transformée : il n’est plus ce marginal, disciple de Bacchus et amateur de jeunes filles de petite vertu. Il devient un personnage adulé et respecté dans sa société, un symbole de réussite VRFLDOH¬XQHYDOHXUV€UHGHO·HVWDEOLVKPHQWVRFLDO$LQVLGRQFOHVHFWHXUGHODPXVLTXH DWLOIDLWVDPXHODYRLHGHO·©¬LQGXVWULDOLVDWLRQ¬ªGHODPXVLTXHEDOLVpH&HTXLQH sera pas sans conséquence au plan socioculturel et économique pour les acteurs qui gravitent autour de ce secteur. La nouveauté sera l’accentuation des mutations socioculturelles et l’accroissement des transformations économiques dans cesous-secteur de la culture grâce aux supports de diffusion et de production de la musique. Productions culturelles africaines contemporaines 130 Mutations socioculturelles dans le secteur de la musique Il nous semble, tout d’abord, nécessaire de voir si les nouveaux supports de diffusion et de promotion (cassettes, Compact-disc, VCD, DVD, radios, télévision, Internet, etc.) ont engendré les mutations sociales intervenues dans le secteur de la musique ou plutôt servi à assurer la reproduction sociale. La réponse fournie par la sociologie est que, de manière générale, les nouveaux outils ne contribuent pas au changement de la société et qu’ils favorisent, au contraire la reproduction sociale en raison des inégalités d’accès et d’utilisation liées au pouvoir d’achat. D’où pour les travaux actuels de la sociologie, il n’y a de révolution en cours. Jean Pierre-Pierre Durand et Victor Scardigli1 sont très critiques vis à vis d’une WHOOHYLVLRQ¬©HQUpDOLWpDUJXHQWLOVGHUULqUHOHVDSSDUHQFHVGHFRQWLQXLWpVHSUpSDUH peut-être effectivement une mutation culturelle liée à l’omniprésence des nouveaux REMHWVTXRWLGLHQVjOD©¬GLJLWDOLVDWLRQ¬ªGX©¬PRGHGHYLH¬ª 'XUDQG 6FDUGLJOL 1993:567). Il s’agit, donc, selon eux d’un champ en voie de constitution. C’est ce qui explique que les sociologues n’ont pas pu entrevoir la mutation. Pour notre part, l’esquisse d’une analyse nous permet de saisir les changements sociaux qui sont intervenus dans le secteur de la musiqueet, ceci, consécutivement au développement de l’industrie musicale. Celle-ci se trouve à la croisée des chemins de la culture, de la technologie et de l’économie. Ainsi, l’artiste crée une œuvre musicale (culture), enregistrée, produite, fabriquée et diffusée à partir de moyens techniques (technologie) et enfin commercialisée (économie). /DPXVLTXH¬XQIDLWVRFLDO Il convient d’appréhender la musique comme un système au sein duquel interagissent de nombreux agents jouant chacun un rôle social. Aussi, pouvons-nous la définir dans le sens où l’entendait Marcel Mauss comme un IDLWVRFLDOWRWDO¬ L’espèce des relations qu’il cherche, commente Georges Gurvitch, à découvrir n’est jamais celle qui existe entre deux ou plusieurs éléments arbitrairement isolés de O·HQVHPEOHGHODFXOWXUHPDLVHQWUHWRXWHVVHVFRPSRVDQWHV¬F·HVWFHTX·LODSSHOOHGHV©¬IDLWVVRFLDX[WRWDX[¬ª *XUYLWFK  7RXWHIRLV0DUFHO¬0DXVVDHXXQHDSSURFKHUHVWULFWLYHTXLQHFRQFHUQHTXHOHV sociétés globales. Ce qui ne l’a pas empêché d’avoir produit une théorie qui ouvre des perspectives nouvelles. Car, il s’agit d’une méthode de vue d’ensemble et qui OXLSHUPHWGHFRQVLGpUHUOHVIDLWVFRPPH©¬WRWDX[¬ªRX©¬JpQpUDX[¬ªORUVTX·LOV WRXFKHQW©¬ODWRWDOLWpGH...

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