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12 Dynamique urbaine et nouvelles formes de négociation de l’existence sociale : les jeunes et les« grins de thé » dans la ville de Ouagadougou Ollo Pépin Hien Introduction Dans un contexte économique marqué par une forte dégradation du marché de l’emploi et un affaiblissement des liens sociaux, les jeunes de la ville de Ouagadougou inventent des stratégies de débrouille à travers des réseaux de sociabilité que sont les « grins de thé ». Dans cette ville en crise, l’expérience d’un processus de disqualification sociale vécue par les jeunes, les confine, en majorité, hors de l’univers du travail dans la sphère de l’inactivité et de la dépendance quotidienne. Ces « grins de thé » se présentent alors comme des formes sociohistoriques des réseaux d’interdépendance croissante entre les jeunes. Dans une ville dont le fondement repose sur des relations inégalitaires et parfois conflictuelles, ces clubs de thé sont l’expression de tensions, de déséquilibres, même de ruptures qui affectent et menacent par moment l’ordre social dans sa globalité. C’est aussi un mode de régulation des contradictions sociales cachées dans le tissu social et culturel de cette ville qui préfigure de nouvelles configurations communautaires et familiales. En s’appropriant les rues de la ville à leur manière, les jeunes définissent un nouveau mode de gestion et de gouvernance des nouveaux espaces configurés à travers les « grins de thé ». En prenant en compte les positions marginales de la catégorie « jeunes » comme territoire d’investigation, la rue demeure le lieu idéal de questionnement des formes du lien social et de la recomposition des types de sociabilité. L’effritement des cadres anciens de socialisation retrace des parcours en zigzag dans le processus d’insertion sociale des jeunes. Négocier sa vie : les enfants et les jeunes dans les espaces urbains d’Afrique 188 En adoptant un recours rigoureux à l’analyse biographique, il convient cependant d’objectiver les nouvelles formes de négociation de l’existence quotidienne des jeunes de la ville de Ouagadougou à travers les « grins de thé ». Les objectifs de notre recherche s’articulent autour des axes suivants : • comprendre et expliquer comment le processus de déstructuration et de restructuration de l’espace urbain affecte le lien social dont le corollaire est la marginalisation croissante de la catégorie « jeunes » dans le secteur de la modernité ; • analyser les nouvelles formes de recomposition du lien social à travers les réseaux de sociabilité des jeunes de la ville de Ouagadougou ; • décrire les stratégies juvéniles de négociation de leur existence sociale dans une ville de plus en plus marquée par la dégradation continue du marché de l’emploi. Démarche méthodologique Notre méthodologie d’approche s’articule autour de deux axes principaux qui sont la recherche de terrain et le recueil de données. La recherche de terrain Le champ d’analyse de notre thème est circonscrit sur la ville de Ouagadougou en ce sens qu’elle est la plus grande agglomération urbaine du Burkina Faso et elle est composée en majorité de jeunes et d’enfants. Nous avons axé notre travail de terrain sur deux quartiers que sont : Zogona (secteur n°13) et Wemtenga (secteur n°29). Ces deux quartiers regorgent une forte majorité de jeunes en raison de leur proximité géographique avec l’université de Ouagadougou et un nombre assez élevé de « grins de thé » par rapport aux autres quartiers de la ville. L’échantillon a été choisi de façon aléatoire. Au total une vingtaine de jeunes ont été enquêtés dans les « grins de thé ». La population d’enquête comprend essentiellement les jeunes des « grins de thé » qui foisonnent dans les quartiers populaires de cette ville. Nous avons tenu compte, dans le choix de notre échantillon, de la morphologie sociale de ces clubs de thé et des caractéristiques sociales des jeunes qui les forment. Le recueil des données : l’entretien semi-structuré Nous avons conçu à cet effet un guide d’entretien comme instrument d’observation de notre objet d’étude. Nous avons fait des entretiens libres, au moyen d’un dictaphone, qui nous ont permis de recueillir le maximum d’informations sur l’expérience du vécu des jeunes dans les « grins de thé ». En plus de l’entretien, nous avons procédé à une observation participante et à une participation...

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