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Chapitre 3 Ma vie militante au sein du Parti Africain de l'Indépendance (1958-1967) L’Union Progressiste Sénégalaise (UPS) dirigée par Léopold Sédar Senghor est le premier parti politique auquel j’ai adhéré en 1957. J’ai milité dans la section de Fann Hock. Les réunions se tenaient au domicile de Mbaye Paye et de sa très dynamique épouse Thioumbé Samb. Au bout de deux mois, j’ai quitté ce parti qui était dirigé par des collaborateurs. Ainsi, je ne militais plus dans mon parti. Le Parti Africain de l’Indépendance est né en septembre 1957 à un moment où j’étais en Chine. Élève à l’École Nationale de la France d’Outremer durant l’année universitaire 1957-1958, j’ai adhéré au Parti Africain de l’Indépendance (PAI) où je devais retrouver mon cothurne, Ousmane Camara. Un noyau avait été créé au pavillon de la France d’Outremer où les membres participaient aux discussions sur les livres marxistes comme : Que faire ? Un pas en avant deux pas en arrière ; Impérialisme, stade suprême du capitalisme ; L’État et la Révolution de Lénine ; Les principes du léninisme de Staline ; Les principes fondamentaux de philosophie de Politzer. Il était de tradition dans le noyau de confier chaque semaine à un membre le soin de faire une minute politique où il devait analyser les grands évènements politiques du monde. Il était procédé au contrôle des tâches confiées aux membres du parti. Nécessité et opportunité de la création d’un Parti Africain de l’Indépendance La création d’un Parti Africain de l’Indépendance était-elle nécessaire ? s’interrogeait Alioune Badara Ba dans La Lutte, n° 10, un bimensuel du 15 février 1958. Si l’on ne se contentait pas de déplorer la stagnation du mouvement de libération nationale en Afrique noire sous domination française, on ne pouvait que répondre affirmativement à la question posée. 106 Mémoires d'un étudiant africain : de Paris au Sénégal Alioune Badara Bâ cherchait à analyser les raisons de la stagnation du mouvement national due à trois phénomènes. Il y avait l'absence d’une doctrine claire de libération, le carriérisme et l’opportunisme des « dirigeants » et enfin la nature, la fonction et les caractères des partis existants ou plus exactement des formations politiques existantes RDA, CAF, MSA. Ce qui précède a été publiquement reconnu par les dirigeants de la Convention africaine. Mamadou Dia, dans son rapport devant le congrès constitutif de la Convention avait analysé les causes de la stagnation du mouvement de libération. Créer un parti qui lutte pour l’indépendance et l’avènement du socialisme« scientifique » suscitait un grand débat à l’époque. Les dirigeants du Parti communiste français avait contesté la nécessité de créer en Afrique sous domination française un parti marxiste-léniniste. Ils avaient avancé l’argument selon lequel la base sociale du PAI reposant sur la petite bourgeoisie ne pouvait instaurer un régime prolétarien en Afrique. De plus, en raison de l’inégal développement des territoires coloniaux, il n’était pas opportun de créer des partis prolétariens là où il n’existe pas d’industries et d’ouvriers. Cette critique agaçait beaucoup les dirigeants du PAI. Avec le recul, il est nécessaire aujourd’hui de reconnaître la justesse de la critique. Le drame des nationalistes africains était de vouloir réaliser l’indépendance sans bourgeoisie nationale. Le drame des « marxistes » africains était de vouloir instaurer le socialisme sans prolétaires. Ces deux types de mouvements ont tous échoué. Il faut en tirer des leçons. Mon passage au Parti Communiste Français J’ai adhéré au Parti Communiste Français pendant un an. Je militais avec Ousmane Camara à la cellule des Provinces de France, un pavillon situé à la Cité universitaire, boulevard Jourdan Paris XIVe. J’étais mal à l’aise dans ce parti très ouvriériste et anti-intellectuel. Dans la cellule, nous étions obligés quelquefois de faire la minute politique à partir de la lecture des journaux parisiens et en particulier de L’Humanité, l’organe d’expression du PCF. Les préoccupations de ce journal étaient centrées sur les problèmes de la classe ouvrière...

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