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Chapitre 2 Mon itinéraire intellectuel, syndical et politique (1957-1967) Durant mon séjour parisien de 11 ans, mon problème a toujours été de concilier mes études universitaires et mes activités syndicales et politiques. Ce n’était pas facile. Dans mon cas, je risquais, comme je l’avais fait durant mon séjour dakarois, de sacrifier mes études universitaires au profit de mes activités syndicales et politiques. J’étais hostile à ceux qui avaient choisi de sacrifier leurs études au profit des activités politiques. Cette attitude risquait de discréditer les dirigeants politiques et syndicaux dans le milieu des étudiants africains. Tout en poursuivant mes études, j’avais choisi de militer au sein de la FEANF et de l’AESF. Je recommandais aux jeunes étudiants membres du MEPAI et du comité exécutif de la fédération de ne pas passer leur temps à fréquenter le siège et de faire tout pour être de très bons étudiants. J’étais venu en octobre 1957 pour poursuivre des études à l’Ecole Nationale de la France d’Outremer (ENFOM) qui devaient déboucher sur une carrière d’administration de la FOM. Mais j’ai passé les vacances à Diourbel où je devais me documenter sur place sur la société électrique et industrielle du BAOL (SEIB) que j’avais retenue comme sujet de mon mémoire. Membre du PAI, j’ai mené des activités politiques intenses. J’ai milité à Diourbel avec Jacques Baudin, Youssou Dieng, Abdou Kane, Henri Mendy, Moussa Bèye. J’ai donné des conférences aussi bien à la Maison des jeunes qu’au cinéma Triumph situé non loin de la gare. L’administrateur commandant le Cercle du Baol, Jean Lafay qui venait de Labé a envoyé quelques jeunes Français assister à ma conférence tenue au cinéma Triumph et à laquelle assistaient mon père Baïdy Dieng et son grand ami Alioune Sow. Il envoya un rapport à la direction de l’ENFOM à Paris pour qu’on me renvoie de l’école. A cette époque, je n’avais pas beaucoup d’expérience politique. Mes camarades du PAI et moi-même nous avions commis d’énormes erreurs qui auraient pu nous coûter très cher. Une fois, nous nous sommes réunis chez Cheikh Mémoires d'un étudiant africain : de Paris au Sénégal 60 Diongue, un riche commerçant de Diourbel. Nous avons été infiltrés par un repris de justice qu’utilisait le commissaire de police français de la ville. Nous avions décidé d’acheter le soir de l’essence pour fabriquer des cocktails molotov. Heureusement, mon père aussitôt informé me demanda si je connaissais le passé de ceux avec qui je m’étais réuni chez Cheikh Diongue. Je lui ai répondu non. Il m’a dit qu’il y avait avec nous un repris de justice qui renseignait le commissaire de police. Il m’a dissuadé de me rendre aux différentes stations d’essence de la ville où devaient nous attendre les agents du commissaire. C’est ainsi que j’ai pu informer mes camarades de parti. Mon père interloqué par notre naïveté politique se mit à me chahuter en disant en wolof « Vous n’avez pas de parti, vous avez des amis qui font simplement du bruit, des « sovando ». Les populations ne nous prenaient pas au sérieux. Nous empruntions des charrettes pour annoncer les meetings politiques que nous devions tenir ; cet acte apparaissait comme un geste d’amuseur public. Vingt ans après le Referendum du 28 septembre 1958, une vieille griote m’a fait une réflexion que je n’oublierai jamais. Elle m’a dit qu’elle pensait que notre appel à voter non était un geste destiné à créer de l’animation dans la ville. Je me souviens aussi des frayeurs de la mère de mon ami Malick Fall qui se plaignait de son départ pour Dakar pour accueillir le Général De Gaulle. Elle me disait dans un wolof teinté d’un accent sérère : « De Gaulle est un grand champion de lutte qui nous attendait à Lagnar, une gare située à 11 km de Diourbel, pour faire notre fête ». Elle ajoutait dans son mauvais wolof « Dama tite » « J’ai peur ». Malick Fall son fils était têtu. Il était à Dakar. Ces propos anecdotiques montrent combien sont tenaces les légendes sur le personnage de De Gaulle...

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