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Chapitre 1 Mon enfance et l'école primaire à Diourbel Introduction Né au cœur du Cayor, j’ai grandi à Mbacké dans le Baol et à Kidira dans le Boundou. Mon itinéraire était tributaire des multiples déplacements de mon père qui était un cheminot. Je porte en moi la culture du rail et de la gare qui a marqué les gens de ma génération, produit de l’extension de la culture de la graine oléagineuse dans le bassin arachidier. J’ai passé mon enfance à Kidira dans le Boundou, un carrefour ethnique où vivaient des Soninké, des Halpulaar, des Maures, des Bambara, des Khassonké, des Peul du Fouta Djallon. J’ai fait mes études primaires à Diourbel dans le Baol, l’une des régions les moins scolarisées du Sénégal. Mon enfance Je suis né le 22 février 1932 à Tivaouane, la septième gare du chemin de fer Dakar-Saint-Louis (DSL) construit en 1885. Très jeune, j’ai entendu les griottes chanter les vertus de cette gare baptisée de ville sans soleil et la beauté de ma tante Aïssatou Diallo, dite Barel. « Barel Diallo, rafet ga maguila khole. Yewene ga ma gui laye niane » (Barel Diallo, tu es belle, je te regarde, généreuse, tu l’es, je te demande de l’argent). Je suis né à une période où les effets néfastes de la crise de 1929 se faisaient sentir au Sénégal et ont obligé les autorités coloniales à supprimer la HauteVolta pour des raisons d’économie. « Atume kiriseba », l’année de la crise est restée mémorable chez les personnes âgées. Elle est devenue une date repère comme l’était l’année de la peste. Tivaouane qui était une municipalité mixte située au cœur du Cayor, était dirigée par un commandant de cercle européen. La ville de Tivaouane possédait un état civil. Mon père Baïdy Dieng, halpulaar, est de mère peule Hawael Hamady, née en 1893 à Touldé Gallé, (Edi), près de Dioum. Mon grand parent paternel Alassane Dieng, halpulaar, est originaire de Oréfondé dans la région de Matam. Mémoires d'un étudiant africain : de Diourbel à Paris 4 Ma mère, Aminata Diallo, est une métisse de père peul et de mère soninké. Son père est un peul, Samba Diam Bou Hama Diallo qui est venu directement du Macina. Il était spécialisé dans la confection de boubous richement brodés que les « Diananké », en vérité les originaires de la ville de Djenné du Soudan fran- çais (aujourd’hui Mali) savaient confectionner. Imam de mosquée, il savait à peine baragouiner le wolof. Il est décédé à Tivaouane en 1930. Ma grand-mère Oumoul Khaïry Dramé, est la fille du marabout soninké Mamadou Lamine Dramé. Demeurant dans le quartier Kouliguidiane, situé à côté de la Maison d’El Hadji Malick Sy, elle était marchande au marché de Tivaouane. Je n’ai pas eu la chance de connaître ni ma grand-mère maternelle Hawael Hamady qui est décédée en 1930 et enterrée à Diourbel, ni mon grandp ère paternel Alassane Dieng, décédé très tôt. C’est pourquoi mon père Baïdy Dieng, orphelin de père, a été élevé par sa mère qui était teinturière et marchande au marché de Diourbel. Mon père parle d’elle comme étant de très grande taille. Ces indications biographiques montrent que je suis au carrefour des ethnies du Sénégal et du Soudan sous domination française. À Kidira, je parlais soninké, pulaar, wolof. Mais aujourd’hui, je ne parle plus soninké. C’est la conséquence de mon séjour dans le bassin arachidier qui a favorisé l’expansion de la langue wolof devenue une lingua franca, une langue de communication. Mon père Baïdy Dieng est embauché aux Chemins de fer de l’AOF le 16 juin 1927 comme écrivain journalier. En 1929, il a passé un examen pour être reclassé comme facteur auxiliaire. Nommé facteur stagiaire le 1er juillet 1931, il fut titularisé le 1er juillet 1932. En 1933, il fut receveur Petites vitesses (PV) en remplacement de M. Disatti, chef de gare PV, admis à l’examen des sous-inspecteurs et affecté. De 1934 à 1935, il fut affecté à Kidira où il allait rester jusqu’au 18 juillet...

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