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3 Les problèmes du développement local La tentative de définition du développement local a montré que la notion est irréductible à des approches stéréotypées et théoriques. Elle revêt des caractéristiques dynamiques et multiformes tirant leur source de la diversité des réalités vécues par les acteurs impliqués dans les dynamiques respectives de développement local. Mais, l’observation transversale de ces mêmes dynamiques est révélatrice d’un certain nombre de contraintes plus ou moins constantes. Ces contraintes sont alimentées par des sources diverses dont certaines sont liées au comportement des acteurs comme, la faiblesse de leur engagement, la survivance d’attitudes traditionnelles anachroniques, les biais des interventions des partenaires au développement et le déficit d’esprit citoyen, alors que d’autres sont davantage liées à l’environnement général comme, le casse-tête des finances, le retard économique et la politisation du développement local. Le faible engagement des acteurs Comme obstacle à la participation citoyenne locale, l’étude RADI/Diakonia précit ée note : l’ignorance et le manque de formation des populations ; la politisation des affaires publiques ; l’absence de communication ; l’absence de motivation financière ; l’état de pauvreté des populations. Le faible engagement des acteurs apparaît clairement, au regard du faible niveau d’instruction et de formation des élus, de l’exode des jeunes, de la mise à l’écart des femmes et du faible soutien de l’État. Le faible niveau d’instruction et de formation des élus Le Rapport national sur le Développement humain considère comme une des principales contraintes du développement : « La mauvaise compréhension de la politique de décentralisation par une frange importante des acteurs, notamment les exécutifs locaux » (PNUD 2001 : 39). Que peut-on attendre d’un élu qui ne sait pas pourquoi il est élu ? En moyenne, un tiers à peine des conseils ruraux est alphabétisé. Une enquête menée par le GREF62 pour le compte du Programme Bassin arachidier (2003) 75 Le développement local et la décentralisation sur la composition des conseils ruraux des régions de Kaolack et de Fatick révèle que le taux des conseillers ruraux instruits est de 45% pour la région de Fatick et 32% pour la région de Kaolack. Pour les conseillers sortants, ce taux était respectivement de 33% et de 18%. L’État et ses partenaires initient des programmes destinés à combler cette lacune, mais l’arrivée à terme des séances d’alphabétisation se heurte à la priorité accordée à d’autres préoccupations comme, les travaux champêtres pour les hommes et les travaux domestiques pour les femmes. On note parfois des cas de collaboration difficile entre un président de conseil rural analphabète et un vice-président instruit et cherchant à prendre les devants sur certains dossiers techniques. Aucune qualité liée à l’instruction ou à la compétence n’est exigée au moment de choisir les représentants de la communauté rurale alors que les informations que ces élus doivent rechercher pour conformer leurs interventions au droit et renforcer leurs connaissances sont consignées dans des documents rédigés en français. L’instruction des élus rend possible : - la prise de notes (en français) lors des réunions, notamment pour la restitution auprès des populations ; - la lecture du contenu des documents d’état civil avant signature ; - la participation à certains séminaires d’échanges en langue officielle ; - la compréhension plus rapide de la réglementation relative à la décentralisation ; - la maîtrise des procédures budgétaires ; - la réduction du recours à des personnes instruites mais étrangères au conseil rural pour la confection du budget ou des bons d’engagement ; - la lecture des procès verbaux de réunion avant signature. Il faut rappeler que suivant les dispositions du code des collectivités locales, les membres du bureau des conseils régionaux ou municipaux doivent savoir lire et écrire en raison des responsabilités qui leur sont dévolues.63 Cette disposition n’étant pas étendue aux communautés rurales, certains candidats ne sachant ni lire ni écrire ni en langue officielle, ni en langues nationales, ni en arabe parfois, se font régulièrement élire président ou vice-président de conseil rural. Certes, on peut, sur le terrain de la démocratie pure défendre l’id...

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