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33 Les routes affamées et le développement africain Remi Sonaiya Les problèmes économico-politico-sociaux de l’Afrique sont des défis directs adress és aux intelligences éclairées du continent. Effectivement, c’est un fardeau qui est porté avec une certaine honte par les êtres les plus sensibles et qui les amène à entreprendre une réflexion profonde. Ils ont souvent posé des questions fondamentales , frustrés et en colère, s’étonnant du mal qui atteint l’Afrique et les Africains et cherchant à comprendre pourquoi les Africains paraissaient incapables de se relever de leur réputation d’être «les damnés de la terre». Parmi les questions sur l’Afrique qui ont perturbé ces penseurs, on trouve: pourquoi l’Afrique a-t-elle succomb é dans une condition d’esclave, comme cela est arrivé? Pourquoi l’esclavage des peuples africains a-t-il été possible sur leur propre sol? Pourquoi l’éducation n’at -elle pas réussi à produire les changements de société qui auraient dû normalement s’ensuivre? Pourquoi une administration correcte manque-t-elle toujours à tant de pays africains, même après plus de 40 années d’indépendance? Pourrait-il y avoir des aspects de la culture africaine entravant le développement du continent? Je crois que nous nous trouvons maintenant à un moment très opportun pour reconsidérer le problème du développement africain. La tâche, telle que je la vois, est une de celles qui appartiennent en propre aux intellectuels africains, qui doivent scruter tous les aspects du problème et contribuer à faire surgir une compréhension plus profonde de la condition africaine et à concevoir un programme d’action bien réfléchi. D’autant plus que le monde est devenu une communauté globale et nos sorts sont inextricablement interconnectés. Il me semble que les deux éléments de notre culture qui méritent d’être examinés de manière critique et sans passion sont notre désapprobation générale du changement (pour ne pas dire dégoût, dans certains contextes), et la croyance concernant les «routes affamées».1 Ce deuxième point réunit les différentes sortes 414 La rationalité, une ou plurielle? de croyances irrationnelles qui imputent le mal et les mauvaises intentions à des êtres humains et à des objets leur étant assimilés pour expliquer les événements complexes. Je débattrai ci-dessous (2) plus amplement de la question du développement en Afrique et mentionnerai quelques sujets apparentés, comme celui de l’identité. Je relève également que les chercheurs africains, surtout en philosophie, sociologie et anthropologie, n’ont pas fait suffisamment attention à la question de la relation entre les croyances, les traditions et les cultures des peuples africains et le [manque de] développement sur le continent. Dans la section (3) j’examinerai certains aspects de la culture, de la tradition et de la vision du monde yoruba sur la base de quelques données linguistiques. Il y sera montré que la vision générale du monde yoruba est opératoire essentiellement sur des «dons»; c’est-à-dire, de nombreux domaines de l’existence sont considérés comme prédéterminés ou fixés à la base. Ce caractère de«déjà donné» sera démontré comme opérant dans la structure de la langue tout comme à travers la prépondérance de ce que Bisang et Sonaiya (1997, 2000) ont appelé des «domaines pré-construits». On analysera ensuite les conséquences qu’une telle vision du monde pourrait avoir sur le développement. Dans la section (4), nous débattrons de la nécessité d’une transformation radicale de la vision africaine du monde en tant que catalyseur du développement. Il y sera suggéré que le système d’enseignement devrait être le centre de cette action, et qu’un moyen d’enseigner systématiquement des attitudes nouvelles et plus avantageuses doit être trouvé, par exemple, par le biais de l’écriture de nouveaux manuels pour les cours d’études sociales. Ceci entraînera un examen critique et honnête des traditions et des croyances, de manière à exclure celles qui entravent le progrès et le développement de la société. Comment considérer rationnellement les sujets connexes Commentant le livre de Buchanan So Reason Can Rule, Ramsey Clark (1983) écrit ce qui suit dans son analyse du travail: Ainsi, que fait un homme de raison...

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