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24 Recherche artisanale et science professionnelle Yaovi Akakpo La science africaine, malgré ses résultats, a encore l'allure d'une recherche artisanale, opposable, dans une large mesure, au travail scientifique professionnel. La métaphore n'est pas exagérée; pour s'en convaincre il suffit de prendre la mesure des manières concrètes quotidiennes dont bon nombre d'équipes africaines ou chercheurs se tirent d'affaire ou se démerdent dans la réalisation des expériences, des thèses et autres travaux scientifiques. Nous faisons allusion aux bourses d'études dont l'obtention est un véritable parcours de combattants, à l'envoi d'échantillons dans des laboratoires occidentaux suivi d'attentes hypothétiques de résultats, au piétinement des travaux, des résultats et publications pour cause de financement irrégulier ou vainement attendu etc. Du paradigme de la recherche artisanale: à partir d'expériences africaines de vies de laboratoire Nous proposons la description de quelques laboratoires ou expériences africaines de recherche expérimentale afin de caractériser le paradigme de la recherche artisanale. En 1992, un coopérant belge, alors en fonction à l'Institut de Technologie alimentaire de Dakar, décrivait l'état de l'appareillage technique des différents laboratoires de son institution d'accueil en des termes que voici: «beaucoup d'appareils et d'instruments sont défectueux, trop vieux et sont probablement les tous premiers à être installés. Des pièces de rechange manquent mais personne ne les fabrique sur place. L'outil de travail n'est pas modernisé, amélioré. Dans le même temps, il y a à l'ITA d'autres appareils neufs, en bon état, qui n'ont pas une origine homogène», d'autres arrivent sans notice. Evidemment leur installation, leur usage, leur répartition «deviennent difficiles voire impossibles». À l'atelier de mécanique du Département de Physique de l'Université de Dakar, l'état des appareils était encore plus préoccupant. Selon des rapports du chef de l'atelier, «la fraiseuse et le tour manquent d'huiles fraises et d'outils de tour», «le poste 277 Akakpo: Recherche artisanale et science professionnelle de soudure a ses condensateurs cassés et se trouve en panne depuis plus de deux ans». Toujours à l'université de Dakar, l'ensemble de l'appareillage du laboratoire radiocarbone de l'Institut fondamental d'Afrique Noire, est dans un état préoccupant. En effet selon le rapport des tests des appareils du laboratoire radiocarbone, tests réalisés par une mission technique venue de Gif-Sur-Yvette en 1991 , la quasi totalité du dispositif matériel et technique est irrécupérable. «L'appareillage est inutilisable à 99%». La décision rectorale de novembre 1990 de la remise en marche du laboratoire radiocarbone, à l'abandon depuis la mort de son directeur-fondateur Cheikh Anta Diop en 1986, achoppe sur les difficultés financières de rééquipement. Malgré les options volontaristes de la nouvelle équipe, l'université de Dakar n'a pas inscrit sur son budget le programme de rééquipement du laboratoire. Le redémarrage des travaux expérimentaux dépendra de la réponse de l'Agence internationale d'Énergie atomique qui était la donatrice à 100% des appareils du laboratoire radiocarbone à sa création au début des années 60 du siècle précédent. À l'Université de Lomé, à l'exception des laboratoires universitaires hospitaliers, l'appareillage et les moyens logistiques dont disposent les autres laboratoires ne sont habilités, au mieux, qu'à remplir des tâches pédagogiques comme les TP par exemple. En effet, on souligne à l'unanimité à la Facultés des Sciences et à l'École supérieure des Techniques biologiques et alimentaires de L'Université de Lomé, que les laboratoires locaux ne disposent pas de moyens techniques pour connaître bon nombre de multiples principes actifs des plantes. On dit par exemple que la connaissance de la structure moléculaire d'un produit pur isolé pose des problèmes d'expérimentation. Pour l'étude de la structure moléculaire, il faut un appareil RMN (Résonance magnétique nucléaire) à haute résolution. Il faut lui joindre le spectrographe de masse et d'autres appareils. Aucune structure universitaire ne dispose sur place d'un tel appareil dont l'achat et l'entretien ont un coût financier élevé. Dans cette situation beaucoup de travaux de recherche d'assistants, de maître-assistants ou de doctorants ne sont réalisés que par le biais...

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