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2 Réflexions d’un Burkinabè sur la crise en Côte d’Ivoire Basile Laetare Guissou Introduction: Le Haut-Sénégal/Niger/la Côte d’Ivoire et la Haute-Volta La colonisation française en Afrique de l’Ouest commence par le Sénégal (fleuve) pour pénétrer dans l’hinterland, le Mali, le Niger et le Burkina (fleuve Niger). Ce fut une véritable course de vitesse après la conférence de Berlin (1885). L’Europe et les USA (observateurs) décident de se partager l’Afrique pour l’intégrer dans la communaut é internationale en qualité de propriétés et de possessions. Le principe était que celui qui occupe le premier avance jusqu’à ce qu’il rencontre une autre puissance coloniale européenne. Il fallait faire vite pour occuper le maximum d’espace. Ensuite, chacun pouvait découper ses colonies comme bon lui semble, selon ses besoins et ses intérêts. C’est ainsi que la France va créer d’abord un grand espace dès 1900. (Le Haut-Sénégal-Niger) pour stopper l’avancée des anglais et des allemands. Le 1er mars 1919, un décret français crée la colonie de la Haute-Volta, avec six frontières (Soudan français, Niger, Dahomey, Togo land, Gold Coast et Côte d’Ivoire). À cette époque la colonie de Haute-Volta est la plus peuplée des colonies françaises avec environ 1,5 à 2 millions d’habitants, contre à peine 600 000 en Côte d’Ivoire. La colonisation n’étant pas une œuvre de bienfaisance comme celle de la Croix Rouge ou l’Armée du Salut, il fallait procéder à « la mise en valeur » rentable des colonies selon la logique du profit. Pour exploiter les terres fertiles de la Côte d’Ivoire avec le maximum de profit, il fallait un maximum de main-d’œuvre, d’ouvriers agricoles pour produire gratuitement le maximum de café, de cacao, de bananes, de palmier à huile et de caoutchouc. Les paysans voltaïques, habitués aux durs travaux des champs sur des terres ingrates et pauvres, se présentaient comme un cadeau de Dieu aux colons exploitants agricoles français. C’est ainsi que commence la déportation des hommes valides (jeunes célibataires vigoureux) vers les plantations en Côte d’Ivoire, dans le cadre d’un système très peu différent de l’esclavage, mais que l’on appelait, « le système des travaux forcés ». Les administrateurs coloniaux avaient le droit de recruter 64 Frontières de la citoyenneté et violence politique en Côte d'Ivoire gratuitement des travailleurs pour les chantiers (routes, bâtiments, chemin de fer, ponts, etc.) et les exploitations agricoles des colons français exerçant à titre privé. Jusqu’en 1932, la colonie de Haute-Volta ne servait qu’à fournir de la main d’œuvre aux autres colonies, en particulier à la Côte d’Ivoire. C’est pourquoi, pour empêcher la fuite des jeunes vers la Gold Coast (Ghana actuel) où le travail dans les mines d’or était payé, le territoire restait un territoire sous administration strictement militaire. La dissolution de la Haute-Volta (1932) Les colons français se plaignent des tracasseries de l’administration militaire de la colonie de Haute-Volta pour envoyer la main-d’œuvre en Côte d’Ivoire dans leurs plantations. Ils font pression à Paris pour obtenir la dissolution de cette colonie et le rattachement de la partie la plus peuplée (le Centre, l’Ouest et le Sud) à la colonie de Côte d’Ivoire et constituer un seul territoire. Paris accepte et décide de supprimer la Haute-Volta. Dorénavant, il n’y aura qu’une seule colonie, la Côte d’Ivoire, divisée en deux parties: la Haute Côte d’Ivoire et la Basse Côte d’Ivoire. Cette suppression arrangeait tout le monde, militaires, planteurs, administrateurs français sauf la population et leurs chefs traditionnels qui n’avaient même plus le droit d’appartenance à un pays distinct de celui des propriétaires de plantations de café, cacao. Le démantèlement du maigre tissu administratif militaire français, des rares unités de transformation (huileries d’arachide et de coton) et la ré-affectation des fonctionnaires locaux indigènes dans les colonies voisines, vont aggraver les souffrances des populations. Cette situation provoque un rassemblement des Empereurs, Rois, Chefs traditionnels et...

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