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1 Introduction Kimba Idrissa Cet ouvrage trouve son origine dans les recherches sur l’histoire et la sociologie politique du Niger entreprises par le Groupe d’Études et de Recherches sur État et Société au Niger (GERES) depuis une dizaine d’années et qui se poursuivent encore. Le groupe de recherches regroupe des enseignants-chercheurs en sciences sociales de l’Université Abdou Moumouni Dioffo de Niamey. Son objectif est de promouvoir la recherche sur la politique nigérienne compte tenu de la rareté des études dans ce domaine et en même temps mettre en exergue l’originalité de l’expérience nigérienne. Après un premier ouvrage sur Le Niger : État et démocratie (Idrissa 2001), il aborde cette fois-ci la question des rapports entre armée et politique. Ce débat, vieux de 40 ans, est loin d’être clos. Les coups d’État en Afrique ont fait couler beaucoup d’encre depuis la fin des années 1960 jusqu’au début des années 1980. Les écrits s’y rapportant portent beaucoup plus sur les pouvoirs militaires que sur les facteurs qui pourraient expliquer la forte présence de l’armée en politique dans certains pays et la permanence de la menace de coup d’État. Il faut se référer aux caractéristiques de ces armées notamment leur genèse, l’environnement institutionnel et socio-politique ainsi que le contexte sociologique et socio-économique dans lesquels elles évoluent (Luckham 1994). Il en est de même des travaux relatifs à l’armée face aux mutations politiques. Les partisans de l’école de la modernisation et de l’opposition libérale ont beaucoup étudié l’incidence de l’armée sur le politique sans pour autant apporter un éclairage sur la nature de l’armée. Les théories développementalistes (Dowse 1969) et dépendantistes (First 1970), ou celles de Gonidec (1974), Martin (1976 et 1990) ou Pabanel (1984), n’ont pas non plus abordé tous les contours de la question. La recherche dans ce domaine s’est même sensiblement relâchée depuis le début des années 1990 avec la fin de la guerre froide, le vent de démocratisation qui l’a suivi 2 Armée et politique au Niger et la démilitarisation des systèmes politiques africains (Welche 1992 ; Luckham 1995 ; Thiriot 2000). Ce thème reste encore d’actualité car de toutes les institutions africaines postcoloniales , l’armée, malgré sa position clef dans la vie politique est celle qui a fait le moins l’objet d’une étude systématique, surtout empirique. Les coups d’État sont nombreux : 95 réussis en Afrique subsaharienne entre le premier survenu au Togo en janvier 1963 et le dernier en Mauritanie en août 2005 dont 39 pour les seuls États francophones soit presque un coup d’État par an depuis l’indépendance . À cela il faut ajouter tous les putschs vrais ou faux, avortés ou déjoués ainsi que les multiples mutineries des hommes du rang et soulèvements de tous genres. L’actualité du thème est loin de s’émousser, en dépit du vent de démocratisation qui souffle en Afrique et de la mode des conférences nationales qui prennent le relais des putschs militaires. Car en vérité beaucoup d’entre elles ont l’allure d’un coup d’État civil. Justement, la démocratie amène elle aussi son cortège de coups d’État. Yaya Jammeh organise en juillet 1994 le premier coup d’État de l’ère de la démocratisation, mettant fin à 29 ans de régime civil en Gambie. Il est suivi le 27 janvier 1996 par le colonel Baré du Niger. La « contagion kaki » reprend à nouveau : putschs, tentatives de putschs, mutineries ou soulèvements de l’armée en Guinée, au Congo, en Gambie, en Sierra Leone, au Burundi, au Zaïre, en République centrafricaine, à nouveau au Niger en avril 1999, ensuite aux Comores et Guinée Bissau le mois suivant, en Côte d’Ivoire et le dernier en date en Mauritanie organisé par le colonel Ely Ould Mohamed Vall le 3 août 2005. C’est le retour des prétoriens. Avec cette nouvelle vague de coups d’État, les théories développementalistes, appuyées par la pensée libérale, se penchent à nouveau sur les missions de l’armée, sa place...

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