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9 Femmes en uniforme dans les secteurs militaire et para-militaire au Niger Moussa Zangaou Introduction L’Année internationale de la Femme (1975) et, à sa suite, la décennie des Nations - Unies pour la Femme (Nations-Unies 1985) ont appelé l’attention du monde sur le rôle capital des femmes dans le développement et ont donné aux Organisations Internationales et Non Gouvernementales et à de nombreux gouvernants l’impulsion nécessaire pour travailler à une véritable connaissance des potentialit és des femmes. C’est dans ce cadre que le Niger initia une nouvelle politique vis- à-vis des femmes1 (Direction de la Promotion de la Femme 2002 : 18-19) à travers la création d’institutions féminines. Il s’agit là d’occasions, déjà souhaitées par une frange de la population féminine, en particulier urbaine et instruite, qui dénonce la place assignée à la femme dans la société. Depuis le 13 mai 1992, date du premier anniversaire2 de la lutte contemporaine de la femme nigérienne pour un peu plus de visibilité et de droits, il est à souligner que la mobilisation ne faisait que s’élargir, avec des occasions d’analyser les succès et les insuffisances de ce processus de métamorphoses qui se dessine tant à la maison que sur le marché du travail (Sahel Dimanche mai 2001). La division du travail selon le sexe commence à être ouvertement critiquée non seulement par des femmes mais aussi par des structures étatiques et non gouvernementales. Aujourd’hui, elles sont nombreuses à exercer des métiers jadis réservés aux hommes, malgré le poids encore dominant de certaines activités traditionnelles, précisément domestiques d’une part, et des pesanteurs socio- culturelles d’autre part. Elles sont parfois hors de la famille, comme le cas des femmes qui évoluent Armée et politique au Niger 256 dans les secteurs du commerce, du transport (bus, taxi, surveillance de parking auto), de la sécurité et de la défense. Dans certaines grandes villes du Niger (Niamey , Maradi, Agadez, Tahoua, Zinder, Tillabéri, Dosso.), il est fréquent de rencontrer une autre composante des femmes porteuses d’uniforme qui évoluent dans les secteurs militaire (armée et gendarmerie nationale) et paramilitaire (police , douane, eaux et forêts). Ces jeunes femmes, dans leur majorité, ont commenc é, pour la plupart, à intégrer ces domaines à la suite d’une orientation scolaire , sur concours ou redéploiement après le premier coup d’État militaire au Niger (1974) d’une part et la première Conférence Mondiale de la Femme tenue, en 1975, à Mexico d’autre part. Les écrits en ce qui concerne la féminisation de ces secteurs sont rares, voire inexistants. Il en est de même des études sur la perception des forces de défense et de sécurité. Pour la population civile, les agents qui exercent dans les secteurs militaire et paramilitaire symbolisent la force et le pouvoir. Ils sont à craindre. Cette représentation du porteur d’uniforme peut-elle aussi concerner les femmes de ces secteurs? Quelles sont les réactions des usagers à leur endroit ? Comment apprécient-elles ces réactions? L’image contrastée et nouvelle des femmes en uniforme fait face à une autre dite conservatrice représentée par la femme « traditionnelle » et gardienne de maison. Ainsi se présentent deux types de femmes : celles des secteurs paramilitaire et militaire et celles de l’espace domestique, du domaine privé et parfois banalisé (Mansour Fahmy 1990 ; Amsou Maïga 1981). Ce dernier cas de femmes est surtout encouragé dans les familles traditionnelles où un autre type de comportement féminin à interprétations diverses est de plus en plus développé. C’est l’exemple des « voilées de l’Islam3» pour reprendre le titre de l’ouvrage de Hinde Taarji (1990), dont le nombre ne cesse de s’accroître dans les centres urbains comme Niamey. Ce travail consiste à explorer les mécanismes qui soutiennent la persistance de la division sociale du travail selon le sexe et le processus d’intégration des femmes dans les secteurs militaire et paramilitaire. Quel impact pourrait avoir, un jour, une présence véritable des femmes dans les instances des forces paramilitaires et militaires ? Pour répondre à cette préoccupation, nous avons interrogé 70 femmes et 30 hommes de niveau d’instruction, niveau de responsabilit é, statut, grade et d’âge différents. La répartition des femmes interviewées selon le secteur est la...

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