Analyse et représentation documentaires: Introduction à l'indexation, à la classification et à la condensation des documents

9 Langages documentaires classificatoires

9 Langages documentaires classificatoires Le schéma de classification documentaire La bibliothèque est un univers merveilleux dans lequel on peut entrer et demander «Où est Dieu?», pour s’entendre répondre avec une tranquille assurance: «Dieu est en 231.» Anonyme opération de classification des documents, décrite dans le chapitre 4 de ce manuel, est réalisée à l’aide d’un langage documentaire de type classificatoire: le schéma de classification. Les principaux schémas de classification documentaire en usage aujourd’hui appartiennent à la catégorie des structures d’organisation des connaissances dites formelles. Quelques schémas de classification formels seulement ont acquis le statut de norme, mais tous ont en commun d’avoir été développés et utilisés sur de longues périodes, de façon cohérente et dans un but de stabilité et de pérennité des représentations et des accès. Les schémas de classification informels, au contraire, sont développés par un individu ou une institution pour combler des besoins locaux, particuliers et ponctuels; la plupart des structures d’organisation des connaissances utilisées sur le Web, les taxinomies par exemple, appartiennent à cette seconde catégorie. Le présent chapitre, ainsi que les chapitres 10 et 11, décrivent les caractéristiques et les fonctions des schémas de classification documentaire formels. 9.1 Nature et fonctions Parce que l’ordre des sujets et l’ordre des concepts constituant un sujet y est généralement prédéterminé, la majorité des schémas de classi­ fication sont considérés comme des langages documentaires de type précoordonné. L’ Analyse et représentation documentaires 166 Le schéma de classification documentaire est un inventaire ­ structuré de sujets organisés logiquement en domaines, sous-domaines, disciplines, sous-disciplines, et ainsi de suite. Cette organisation logique est reflétée dans une notation plus ou moins signifiante. En plus de représenter un sujet, la notation donne des indications sur le contexte au sein duquel ce sujet est localisé dans la structure d’organisation des connaissances, ainsi que sur les aspects sous lesquels il peut lui-même être considéré. Le schéma de classification est essentiel à l’atteinte de trois objectifs poursuivis par les milieux documentaires: dans sa fonction analytique, il permet l’organisation des concepts et des sujets; dans sa fonction bibliographique, il permet la systématisation de la représentation du contenu des documents; dans sa fonction bibliothéconomique, il facilite le rangement des documents-objets (Satija, 1998). Notons au passage que le rangement physique des documents, lorsqu’il permet l’exploration raisonnée et même pédagogique d’une collection documentaire, contribue à la réalisation de la mission d’éducation des bibliothèques. Les schémas de classification documentaire traditionnels se caract érisent par leur structure hiérarchique fondée sur l’intégration de sujets spécifiques à des sujets de plus en plus généraux (par exemple, la clémentine est un agrume, l’agrume est un fruit, le fruit est un aliment, etc.). Cette organisation hiérarchique repose sur trois types de relations : la relation d’hypéronymie (de genre à espèce), la relation de méronymie (de tout à partie) et la relation d’instance (de classe à objet unique). Ces­ relations sont aisément perçues et comprises par l’esprit humain. Le schéma de classification documentaire ne peut remplir ses­ fonctions que s’il est: complet, c’est-à-dire s’il intègre tous les sujets qui ont déjà été traités ou qui pourraient éventuellement être traités dans un document; flexible, c’est-à-dire s’il s’ajuste aux besoins et aux habitudes de recherche des usagers, au volume des collections à classifier, à l’évolution du domaine d’activité qu’il représente, à l’environnement technologique au sein duquel il est exploité pour la recherche, etc. ; hospitalier, c’est-à-dire s’il autorise l’intégration de nouveaux sujets à la structure existante, sans qu’il soit nécessaire de la modifier ou de la repenser. Le schéma de classification documentaire fonctionnel et efficace permet de: classifier les documents généraux, qui ne se rattachent à aucun domaine précis de la connaissance (par exemple, un journal quotidien ou une encyclopédie universelle comme Britannica ou Wikipédia); Le schéma de classification documentaire 167 regrouper certains genres de documents, les œuvres litt...