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Préface La place de l’intelligence émotionnelle en éducation Moncef Guitouni1 Psychosociologue Président-directeur général, Centre de psychologie préventive et de développement humain 1 . Moncef Guitouni est décédé le 19 août 2011. Il avait eu le temps, en juin 2011, de rédiger l’essentiel de cette préface. Nous lui en sommes très reconnaissantes et le remercions grandement pour les travaux qu’il a consacrés à l’intelligence émotionnelle. Parler des émotions, de leur rôle sur la modification des compor­ tements et de leurs manifestations physiologiques n’est pas nouveau. Dès 1927, Adler écrivait : Vu l’intime union qui règne entre l’âme et le corps, ce qui s’enracine dans la vie psychique aussi profondément qu’un état affectif ne peut qu’extérioriser ses effets également dans le domaine corporel. Les états affectifs s’accompagnent donc de répercussions sur la circulation sanguine et ses vaisseaux, ainsi que sur les voies respi­ ratoires (élévation du pouls, rougeur et pâleur, modification du rythme de la respiration) (p. 186). Depuis ce temps, nous sommes­nous réellement arrêtés à réflé­ chir sur cette question, à comprendre l’influence des émotions et leur importance dans le domaine de l’éducation de l’enfant ? Est­ce qu’on les a prises en compte dans la vie des personnes ? Est­ce qu’on les a étudiées pour mieux les comprendre ? Est­ce qu’on les a recensées pour bien connaître et décoder ce langage émotionnel ? L’intelligence émotionnelle possède son propre langage qui s’apprend non pas par la théorie, mais par la conscientisation de soi et la conscience de ses relations avec les autres et avec soi­même. Cet apprentissage amène la personne à capter l’information adéquatement et à constater que l’intelligence émotionnelle aide le cognitif à maintenir un certain équi­ libre, et contribue de façon importante au développement de la logique et de la raison. [3.143.4.181] Project MUSE (2024-04-25 07:31 GMT) X L’intelligence émotionnelle facilite la compréhension des limites de notre intelligence cognitive, cette prison dans laquelle s’enferment nos pensées et le sens que nous donnons à notre réflexion, pour ne pas dire à notre vie. Les angoisses existentielles prennent alors une couleur différente, et les identités personnelles et sociales changent de valeur. Lorsqu’une personne est frustrée, qu’elle se sent humiliée ou injus­ tement traitée et que des émotions se bousculent en elle – et malgré elle –, elle devient avide de satisfaction à tout prix. Elle en arrive même à oublier le sens de l’équilibre et le sens de la réflexion. Dès lors s’ins­ talle dans sa structure mentale la confusion entre le senti émotionnel et le cognitif parce qu’elle perd la disponibilité pour comprendre et pour apprendre. La confusion s’établit également entre l’identité sociale et l’identité personnelle. Malgré une formation avancée et une expé­ rience professionnelle développée, la non­concordance entre émotion et réflexion crée une forme de brouillage qui nuit à la stabilité fonc­ tionnelle et relationnelle. L’absence de cohérence entre les sphères rationnelles et émotionnelles peut constituer un écheveau de relations difficiles à clarifier. L’intelligence émotionnelle n’est pas seulement une habileté à nommer les émotions ressenties ou une capacité intuitive à capter les émotions de l’autre. Elle comprend aussi cette perspicacité de saisir les conséquences sur les autres des émotions que la personne ressent. Elle est aussi beaucoup plus complexe. Pour comprendre la réalité de l’intelligence émotionnelle, il faut trouver le stimulus qui provoque la réaction émotionnelle. L’émotion fait partie intégrante de la nature humaine. Mais pour qu’il y ait manifestation émotionnelle, il faut qu’il y ait un stimulus qui déclenche cette réaction. Un être ne peut devenir émotif sans raison. Autrement, il serait la proie de fantasmes incontrôlés l’entraînant à fonctionner en émotions continues. Il subirait ainsi un stress continu provoquant des décharges énergétiques et électriques, sans raison préalable, de joie ou de frustrations réelles. Cet individu s’exposerait à glisser vers un certain déséquilibre psychologique et comportemental. La logique émotionnelle diffère donc de la logique intellectuelle. Règle générale, la logique intellectuelle est linéaire: elle cherche le...

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