In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

CHAPITRE 1. L’IMPLICATION DES MÈRES ATIKAMEKW DANS LE JEU SYMBOLIQUE DE LEUR ENFANT ELISABETH JACOB UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À CHICOUTIMI Depuis une soixantaine d’années, plusieurs chercheurs étudient le jeu. Mais un constat s’impose : le jeu des enfants autochtones est peu documenté. Comme nous le verrons plus loin, deux études seulement se rapprochent de notre sujet de recherche, celle de Gillis (1991) et celle de Larose (1988). Cette recherche, qui s’est déroulée auprès de mères et de leur enfant d’âge préscolaire habitant une communauté atikamekw, explore le jeu dans l’environnement familial. Les résultats peuvent notamment outiller les parents, de même que les intervenants autochtones qui travaillent auprès de jeunes enfants et qui utilisent une pédagogie par le jeu (nous pensons aux enseignants de maternelle ou aux éducateurs en service de garde), puisque ces intervenants doivent tenir compte du milieu familial de l’enfant. Le présent chapitre fait état d’une partie des résultats d’une recherche exploratoire dont l’objectif principal vise à décrire la dimension matérielle et la dimension sociale de l’environnement de jeu de l’enfant atikamekw âgé de deux à quatre ans, selon la perspective de la mère. Le chapitre est divisé en cinq sections. Dans la première, nous présentons une revue de la littérature, dans la deuxième, l’ancrage théorique de la recherche. La troisième section consiste à décrire les choix méthodologiques et la démarche de la recherche. Quant à la quatrième, elle est consacrée aux résultats, où nous expliquons le sens que les mères donnent au jeu symbolique et la manière dont elles s’impliquent avec leur enfant. Dans la cinquième section, nous présentons une discussion des résultats et nous terminons avec une conclusion. 10 La formation des enseignants inuit et des Premières Nations 1. Le contexte de la recherche Pour mettre en contexte la pertinence de ce projet de recherche, nous faisons un résumé de certaines études qui ont fait ressortir les difficult és d’apprentissage des enfants autochtones. Bien qu’une majorité de ces études porte sur des groupes particuliers et qu’elles soient réparties irrégulièrement parmi les différentes nations autochtones (Marks et Coll, 2007), deux de celles qui portent sur le développement des enfants amérindiens en bas âge démontrent l’existence de difficultés scolaires, de troubles d’apprentissage ou de retards de développement chez les enfants des Premières Nations (Institut culturel et éducatif montagnais, 2004 ; Lavoie, 2000). Selon ces études, les difficultés scolaires débuteraient avant les classes de niveau primaire. Selon les enseignants de maternelle interrogés, plus de la moitié des enfants au préscolaire présenteraient au moins une caractéristique les mettant à risque de vivre des difficultés d’apprentissage ou de comportement1 . Sur un total de 99 enfants participant à cette étude et fréquentant la maternelle pendant quatre ans, 30,3 % des enfants ont de la difficulté à suivre les consignes formulées par les adultes, 28,3 % présentent un retard de langage expressif, 29,3 % éprouvent des difficultés à sélectionner, à traiter, à retenir et à utiliser l’information, 24,2 % accusent un retard en ce qui a trait à la conscience de l’écrit et du nombre, 21,2 % ont des problèmes de concentration et finalement, 10,1 % présentent un retard global de développement (Institut culturel et éducatif montagnais, 2004). Il importe de souligner que cette étude ne tient pas compte des facteurs socioculturels pour expliquer les retards scolaires chez les enfants, et qu’elle se base sur des normes québécoises de réussite scolaire obtenues par des entretiens avec des enseignants. Lavoie (2000) a aussi interrogé les directeurs d’école et les professionnels au sein des écoles innues du primaire et du secondaire pour comprendre le faible taux de réussite chez les élèves innus. Il fait ressortir différentes raisons, parmi lesquelles se distingue le manque de stimulation à domicile par les parents. Selon lui, ce manque de stimulation peut en partie expliquer pourquoi les enfants n’ont pas suffisamment d’acquis lorsqu’ils entrent au préscolaire. D’autres auteurs américains affirment que l’environnement familial en milieu autochtone ne contribuerait pas toujours au développement optimal de 1. Dans cette étude, neuf indicateurs de risques avaient été retenus par les...

Share