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CHAPITRE 5. LES CARACTÉRISTIQUES LINGUISTIQUES DES ENFANTS DES PREMIÈRES NATIONS QUELLES IMPLICATIONS POUR LA FORMATION DES ENSEIGNANTS AUTOCHTONES? DIANE DAVIAULT UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À CHICOUTIMI Dans la première partie de ce chapitre, nous montrerons que les enfants des Premières Nations du Québec ont une façon suffisamment particulière de parler le français pour que celle-ci soit considérée comme un dialecte. Par la suite, nous exposerons les différentes caractéristiques linguistiques de ce dialecte ; nous ferons ensuite ressortir l’incidence négative de celui-ci sur la scolarisation des enfants des Premières Nations. Finalement, nous présenterons des pistes d’amélioration de la formation des futurs enseignants autochtones qui permettront à leurs élèves d’améliorer leurs compétences linguistiques et conséquemment d’améliorer notablement leur rendement scolaire. 1. La problématique Les enfants des Premières Nations du Québec (noté « PN » par la suite) ont un taux d’échec scolaire beaucoup plus élevé que celui de l’ensemble des enfants allochtones1 de la province. À titre d’exemple, seulement la moitié d’entre eux obtiennent un diplôme d’études secondaires comparativement à 80 % pour l’ensemble de la population (Haldane, 2012). Cet écart dans les résultats scolaires entre les enfants autochtones et les enfants allochtones commence à s’observer dès la première année du primaire, et 1. Qui parle une langue autre qu’une langue autochtone. 80 La formation des enseignants inuit et des Premières Nations il se creuse en la défaveur des enfants des PN en continuant de s’accentuer progressivement tout au long de la scolarité de ces derniers (Richards et Scott, 2009). Les causes de cet écart sont nombreuses, mais parmi celles-ci, nous croyons que des facteurs linguistiques et sociolinguistiques jouent un rôle prépondérant. Un examen de la variété de français parlé par les enfants des PN permet de constater que celle-ci présente un ensemble de caractéristiques qui la différencient de façon importante du français dit standard, soit celui qui est parlé par la population québécoise allochtone. Nous verrons dans ce chapitre que ces caractéristiques sont suffisamment déterminantes, tant du point de vue qualitatif que du point de vue quantitatif , pour que nous puissions nous référer à cette façon de parler comme au« français des PN » (noté « FPN » par la suite). Malgré leur importance, ces caractéristiques n’ont jamais fait l’objet d’une description linguistique. En conséquence, elles sont généralement passées sous silence. Pourtant, une prise de conscience de l’ensemble des caractéristiques propres à cette façon de parler le français constitue la première étape vers la compréhension de leurs effets pernicieux sur la scolarisation des enfants des PN. La variante du français parlé par ces derniers hypothèque en effet de façon importante leurs chances de succès scolaire et d’insertion sociale. Dans ce chapitre, nous présentons les diverses caractéristiques de cette variété de français ainsi qu’une explication de leurs effets sur la scolarisation des enfants des PN. Cette démarche permettra de mieux comprendre de quelle façon le fait de parler une variante non standard du français rend plus difficile un parcours scolaire conçu pour et par des locuteurs du français langue première dans sa version standard. Elle permettra aussi de constater à quel point les enfants du Québec ne sont pas égaux face à la scolarisation. La compréhension des effets négatifs de la réalité linguistique des enfants des PN nous conduira aussi à suggérer des pistes d’amélioration de la formation des futurs enseignants des PN ; de telles améliorations de la formation seraient susceptibles d’entraîner une hausse de la performance scolaire des enfants des PN et de contribuer à combler le retard qu’ils affichent par rapport à l’ensemble des élèves du Québec. 2. La situation linguistique des enfants des Premières Nations du Québec La situation linguistique des enfants des PN du Québec varie beaucoup d’une communauté à l’autre. Selon le Recensement canadien de 2001, 80 % des membres des PN du Québec déclaraient avoir le français comme langue première (Richards, 2011) et seule une proportion de 20 % affirmaient [18.226.96.61] Project MUSE (2024-04-26...

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