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1.1. sPécificités, comPLexités et imPensés De ces métiers 1.1.1. quels sont ces métiers adressés à autrui? il est important de s’attarder quelques instants sur les caractéristiques des contextes professionnels sur lesquels nous fondons notre analyse. il est essentiel ici de préciser ce que nous entendons par métiers relationnels ou métiers de l’interaction humaine. dans cette perspective, nous retiendrons comme premier attribut ou comme trait significatif de ces métiers leurs visées, c’est-à-dire l’intervention auprès d’un sujet humain avec pour objectifs son apprentissage et son développement. selon Piot (2009, p. 263), le travail de l’interaction humaine,où l’activité du travailleur est adressée à autrui, se distingue du travail industriel classique en ce sens qu’il est écologique, interprétatif, historicisé (Piot, 2006) et requiert la maîtrise d’un double registre de compétences (Mayen, 2007): d’une part, des compétences sur l’objet de service qui correspondent au contenu du programme c h a P I t r e 1 Les métiers adressés à autrui ou comment penser la relation à l’humain? 10 Apprendre en situations scolaire pour l’enseignant, aux situations pertinentes pour le formateur, aux gestes ou techniques de soin pour l’infirmier, aux activités ludiques ou techniques pour l’animateur, etc., et d’autre part, des compétences communicationnelles et relationnelles qui consistent à obtenir et garder la confiance d’autrui, à conduire des conversations exemptes de malentendus ou de non-dits, c’est-à-dire des conversations satisfaites au sens de la pragmatique. sans doute doit-on insister sur la nécessaire prise en compte, par le professionnel, de l’intervention humaine du sujet-objet de son action, notamment sous l’angle de ses spécificités, de ses caractéristiques d’apprentissage ou encore de ses singularités psychoaffectives. dans cette perspective, barbier (2011, p. 6) parle de «métiers sur les métiers». Ce qui conduirait à intégrer dans la gestion des deux compétences décrites par Piot (2009), à savoir les compétences sur l’objet de service et les compétences communicationnelles et relationnelles, un registre de savoirs permettant de fonder et d’organiser deux autres compétences, celle du diagnostic des sujets de l’intervention humaine et celle de la conception-invention de l’intervention la plus pertinente à mettre en œuvre au regard des résultats du diagnostic. si ces deux dernières compétences ne semblent pas spécifiques de ces métiers adressés à autrui, elles constituent sans aucun doute un creuset de compétences dans la mesure où de la maîtrise de celles-ci dépendent le niveau d’expertise du professionnel ainsi que sa valeur, qu’il cherchera à faire reconnaître à la fois par les publics, sujets de l’intervention, et par ses pairs et employeurs. en effet, nous pouvons faire l’hypothèse que l’indicateur et le critère de reconnaissance par les populations bénéficiaires des interventions des professionnels s’adressant à autrui est bien la qualité de cette relation, à partir d’une analyse compréhensive des bénéfices mutuels et réciproques des interactions. sans doute qu’ici, pour le professionnel en développement, se mêlent deux formes de reconnaissance, celle se «situant sur un plan global, alliant identité personnelle et identité sociale, travail, positionnement social et valeur intrinsèque de la personne» (Jorro, 2009, p. 15), mais aussi une seconde forme renvoyant au désir de reconnaissance des acteurs caractérisé par « l’aspiration à la valorisation du soi global, du désir de reconnaissance professionnelle qui suppose que soient perçues des formes d’engagement reposant sur le désir de métier, la quête de l’efficience, l’investissement au travail» (Jorro, 2009, p. 15). si le bénéficiaire semble de plus en plus utilisé et exploité pour servir les paradigmes de la mesure et de la gestion (Jorro, 2009), à des fins implicites de contrôle du travailleur, il semble aussi possible de l’envisager comme un allié dans un travail d’analyse de l’activité du travail au sein de ces métiers adressés à autrui. objet et sujet des relations, le bénéficiaire de l’interaction humaine contribue à créer, avec l’intervenant, les conditions d’une reconnaissance mutuelle et réciproque, reconnaissance qui dépasse le strict champ de l’acte professionnel. [18.118.166.98] Project MUSE...

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