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PhiliPPe Maubant nous gratifie d’un très bel ouvrage: Apprendre en situations: un analyseur de la professionnalisation dans les métiers adressés à autrui. gageons qu’il trouvera un écho attentif. il arrive à point nommé pour aider les chercheurs, concepteurs et formateurs engagés dans des processus de formationprofessionnalisation à dépasser, et peut-être à vaincre, quelques«obstacles épistémologiques» (bachelard, 1934) de taille, quand il s’agit de créer les conditions pour aider autrui à apprendre. dans un contexte international où la formation continue et la formation professionnelle ont bien du mal à trouver leurs marques, où l’alternance tarde à s’imposer socialement (Merle et thery, 2012), cet ouvrage peut devenir une œuvre majeure. nous en dirons d’abord qu’il est le fruit de très belles continuités humaines, professionnelles et scientifiques faites de préoccupations sociales et axiologiques, animées par un souci majeur : aider autrui à apprendre de… ainsi, l’auteur qui s’est enrichi intellectuellement d’un parcours d’une rare densité – enseignant , formateur, concepteur de formation, chercheur, professeur, directeur de recherches –, parcours largement internationalisé P r é f a c e VIII Apprendre en situations et pudiquement enraciné dans une histoire épistémologique originale, nous livre quelques clés qui pourraient bien faire la qualité de ces entre-deux que sont ces apprentissages situés dans des moments de formation à élaborer, dans des occasions de professionnalisation, eux-mêmes entre-deux et entre d’eux aussi. et «l’entre-deux», nous dit sibony (2003), peut être «un passage ou une impasse, selon que l’origine qui se rejoue dans cette épreuve se révèle accessible ou pas à une sorte de partage»; partage à penser et à faire dans ces lieux par lesquels on passe pour devenir différent. il s’agit donc d’apprendre en situations , c’est-à-dire de ces expériences de formation et de professionnalisation associées dans des alternances entendues comme des alternatives éducatives conçues pour former autrement. Cet ouvrage nous donne largement à réfléchir sur les enracinements théoriques, épistémologiques, voire éthiques, de ces options. l’auteur y joue avantageusement la partition de recherches vécues, théoriquement confrontées et pertinemment théorisées. tout cela conforte une hypothèse de travail scientifique qui nous est aussi chère qui consiste à placer l’expérience aux origines du processus «de production de savoirs» (desroche, 1982, 1990). elle permet d’en comprendre des enracinements devenus incontournables : le nécessaire engagement du sujet dans la situation, les multiples et contingentes interactions homme-organisation, les singularités des constructions humaines et professionnelles… et la qualité des savoirs produits globalement selon les capacités intégratives en présence, toujours comprises dans leurs synchronies et leurs diachronies (rapports aux temps). bref, il permet de comprendre ce que signifie et comment on peut apprendre en et des situations trop longtemps et «toujours négligées» (Quéré, 1997). sur le fond, cet ouvrage propose de penser l’apprentissage en situations comme condition et analyseur de la professionnalisation dans les métiers adressés à autrui. Cette thèse et la théorisation qui nous est offerte sort des sentiers battus en ce qu’elle tente de questionner ce qu’elles offrent de meilleur et dans leurs limites aussi, les théories déjà-là: la clinique et l’analyse de l’activité, la didactique professionnelle, l’ergologie aussi. le modèle conçu pour «apprendre en et des situations» insiste sur la pédagogie, un peu trop vite reléguée à un temps dé-passé (houssaye, 1993). C’est la clé de voûte de l’ouvrage . au-delà, il convoque les formes temporelles complexes reliées au sujetsituation -organisation, dans des rapports aux temps trop souvent ignorés en formation de «l’être et des temps», ce que heidegger (1927) désigne sous le terme de la «temporalité» (Dasein) ou «l’être-là», plongé dans le monde (et dans la situation), qui nous font comprendre qu’apprendre ne relève pas plus – et pas seulement – d’un plan établi que de l’analyse stricte d’un processus-produit, et encore moins des savoirs enseignés. en effet, dans les métiers adressés à autrui en particulier – mais pas seulement –, le sens relève d’une triple acceptation: d’inscriptions corporelles (et de l’esprit) et temporelles ultrasensibles singulières, [13.59.122.162] Project MUSE (2024-04-19 08:52 GMT) Préface IX de significations émergentes in situ, particulières, non pr...

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