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Le Jardin des Premières-Nations Perspectives autochtones Thierry Pardo Source: Jardin botanique de Montréal (Michel Tremblay) 5 3262 ecoalimentation-G3703.indd 113 13-03-07 08:31 La façon dont on parle de la Terre, ça nous vient de la tradition, des anciens. Quand tu es conscient que tu es relié aux plantes, à l’eau, à l’air, aux animaux, tu ne peux pas en parler de façon détachée. Tu en parles d’une façon très personnelle comme si ça faisait partie de toi-même, comme si c’était ta mère, ta sœur. Tu en parles de façon vivante. Sylvain Verreault, Jardin des Premières-Nations 3262 ecoalimentation-G3703.indd 114 13-03-07 08:31 [3.144.252.140] Project MUSE (2024-04-26 15:50 GMT) Le Jardin des Premières-Nations, tout comme le Jardin chinois et le Jardin japonais, est l’un des jardins culturels du Jardin botanique de la Ville de Montréal. Le Jardin botanique, l’Insectarium, le Biodôme et le Planétarium contribuent aux activités éducatives scientifiques offertes par la Ville de Montréal dans le cadre de son «Espace pour la vie». Bien qu’un jardin entièrement consacré aux Premières Nations ait été prévu dans les plans d’origine du Jardin botanique, fondé en 1931, il a fallu attendre 2001 pour le voir naître. La crise d’Oka et le tricentenaire de la Grande Paix n’ont sans doute pas été étrangers à ­ l’aménagement de ce jardin. L’idée d’aller chercher dans ce jardin des éléments pour illustrer la diversit é des conceptions et des pratiques du domaine de l’écoalimentation et de l’action éducative à cet effet ne s’imposait pas a priori comme une évidence. En effet, d’autres activités du Jardin botanique, comme les Jardins-jeunes – qui proposent aux enfants de vivre une saison entière de jardinage –, paraissaient présenter davantage de liens avec une telle éducation. De plus, les cultures amérindiennes n’abordent pas de façon cloisonnée les différentes dimensions du rapport au monde, notamment l’alimentation. Ainsi, les acteurs du Jardin des Premières-Nations eux-mêmes n’avaient jamais envisagé de parler de l’alimentation isolément des autres aspects de leur culture, puisque les pratiques, les croyances et les rites amérindiens ont souvent un lien avec celle-ci. Or, c’est précisément parce «tout est relié» que le rapport à l’alimentation s’insère ici adéquatement dans la perspective d’une éducation relative à l’écoalimentation, qui met l’accent sur les liens entre alimentation, environnement et santé. Cependant, la conscience de l’approche holistique ne suffit pas à appréhender toutes les nuances de signification des réalités autochtones qu’apporte une immersion dans le Jardin des Premières-Nations. En entrant dans ce jardin, le visiteur perd les repères habituels de nos sociétés nord-occidentales industrialis ées. Les mots «éducation» ou «environnement» doivent être réinterpr étés, voire remplacés par d’autres termes, comme nous allons le voir dans les sections qui suivent. L’idée de santé et celle d’alimentation doivent ­ également être saisies et comprises de manière contextuelle, dans une perspective culturelle différente. Cette approche de l’univers amérindien dans le cadre de l’espace limité de la visite d’un site aménagé constitue d’ailleurs le défi le plus important qui se pose aux acteurs du Jardin des Premières-Nations. Ceux-ci relèvent pourtant ce défi de manière pertinente et significative, grâce à leur authenticité et à la qualité de la rencontre qu’ils offrent à ceux qui vont vers eux. 3262 ecoalimentation-G3703.indd 115 13-03-07 08:31 116 Pour une écoalimentation LA MISSION ET L’ORIENTATION ÉDUCATIVE DU JARDIN DES PREMIÈRES-NATIONS Au Jardin des Premières-Nations, j’ai rencontré Sylvie Paré, agente culturelle et coordonnatrice de l’équipe d’animateurs, ainsi que Mélissa, Élizabeth, Simon, Christian, Bérénice et Sylvain, animateurs autochtones. Ces personnes m’ont guidé vers une meilleure compréhension de leur «territoire» éducatif. J’ai également eu la chance d’assister à des activités d’animation. La double mission du jardin est clairement résumée par ses acteurs. Sylvie La mission du Jardin des Premières-Nations est de montrer les liens qu’entretiennent...

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