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CHAPITRE 1 1 l Pour le dernier bout de ma vie Maurice Gendron Ce titre dit l’ampleur de mon questionnement et la fébrilité passionnée qui me faisait prendre à pied le chemin de l’université à travers les rues de Québec, sac au dos, pour aller joyeusement à mes sessions de fin de semaine du programme Sens et projet de vie. Dès le premier après­midi de la première session, le 9 février 2008, je m’étonne de m’entendre dire à tout le groupe cette phrase que je noterai aussitôt, tellement elle semble porter toute ma quête de sens et son défi: À ce moment-ci de ma vie et de mes 67 ans, Je me vois forcé de me porter par moi-même Pour le dernier bout de vie que, maintenant, Je vois venir et m’appartenir. Et j’ajoutais que cette émotion accompagnait en moi les paroles de la chanson de Sylvain Lelièvre: On rêvait de changer le monde… Qu’est-ce qu’on a fait de nos rêves? C’est donc une certaine urgence qui m’a fait cogner à la porte du programme Sens et projet de vie. Le dilemme était devant moi: que vais­je faire maintenant qu’il ne me reste plus de temps pour beaucoup Sens et projet de vie 198 de projets… et que j’ai touché les limites des projets de ma vie d’homme d’action? Finir ma vie deviendra­t­il mon grand projet? J’étais fasciné à la pensée que le programme Sens et projet de vie allait m’offrir un accom­ pagnement rigoureux et pertinent pour soutenir la démarche de quête de sens qui s’imposait à moi. Dans le présent article, je veux témoigner de la richesse de ma démarche tout au long des quatre sessions du programme. C’est ce chemin de sens que j’aimerais refaire avec vous en relevant quelques moments fulgurants, soit que ces moments m’aient fait entrer comme dans un vertige, soit qu’ils m’aient ouvert à une luminosité rare, soit qu’ils aient touché une émotion enfouie, soit qu’ils m’aient accueilli dans une tendresse et une sérénité douces. Moments de dévoilement. Moments de présence. Moments durables en ce qu’ils ont inscrit des sillons profonds et vivants autant dans mon cœur, dans ma tête que dans mon corps. Je fais donc une écriture chronologique de mon parcours en tentant d’y joindre l’émotion qui m’habitait à chacun de ces moments clés. Les références à mon journal d’itinérance m’aideront à rester proche de mes émotions. 1. À CE MOMENT-CI DE MA VIE ET DE MES 67 ANS… Au premier jour de la première session, il y a un étonnement et un conten­ tement de me retrouver dans les beaux locaux de la TÉLUQ, un bocal de verre tout ouvert sur le quartier «Nouvo St­Roch». Ce n’est pas rien que d’être à l’université. J’en ai fréquenté quelques­unes à 20 ans, à 30 ans, à 45 ans pour me donner des outils de travail. Mais cette fois, c’est tout à fait différent. J’y viens juste pour moi. Un cadeau que je m’offre. «Gratis»! Aucun diplôme à récolter. Aucune compétition en vue. Aucun nouvel emploi à postuler. Être à l’université dans ce qu’elle peut offrir de meilleur: un accompagnement précis, organisé, réfléchi, pour me permettre de créer le sens nouveau de ma vie. Et je n’y suis pas seul. Vingt hommes et femmes, la cinquantaine avancée, prennent place dans les fauteuils de cette lumineuse salle de conférence. Nous y verrons deux hivers, deux printemps, un automne. Des professeurs sont nos guides. Des veilleurs. Des éveilleurs. Des accompagnants solidaires de nos démarches. Eux­mêmes partageant leur démarche de sens. L’université à son meilleur. Pour la «formation» de femmes et d’hommes. Rien de moins! [18.224.33.107] Project MUSE (2024-04-25 05:43 GMT) Pour le dernier bout de ma vie 199 En ouverture de cet article, j’ai nommé le «premier moment fulgurant», celui où je m’étonne de me dire à moi­même, en le disant au groupe, le défi que représente mon entrée dans la quête de sens: «À ce moment­ci de ma vie et de mes 67...

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