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1 CHAPITRE DEMANIC-5AUPLANNORD, QU’AVONS-NOUSAPPRIS? Le cas du gaz de schiste au Québec VALÉRIE LEHMANN [52.14.221.113] Project MUSE (2024-04-16 14:47 GMT) De Manic-5 au Plan Nord, qu’avons-nous appris ? 5 La gestion des grands projets au Québec permet d’illustrer avec précision ce que représente l’une des problématiques majeures de la communication dans le cas de grands projets. En effet, alors que les sciences de la communication réalisent des avancées notables dans le domaine du management, jusqu’à devenir des priorités stratégiques pour les organisations (Isaacs, 2000; Van der Heijden, 1996), dans la gestion des grands projets, il semble que les modèles anciens de communication, hérités des années 1950, restent les concepts dominants en 2012. Cet article relate une étude qualitative réalisée à partir d’un vaste cas examiné de façon longitudinale. Dans un premier temps, sont présentés les objectifs de la recherche ainsi que la littérature pertinente et un cadre conceptuel explicitant l’évolution historique de la communication dans le champ de la gestion de projet. Dans un deuxième temps, le texte explore les communications réalisées dans le cas de l’exploration des gaz de schiste au Québec, en tant que grand projet en phase de faisabilité. Dans un troisième temps, sont discutés les apports de ce cas pour comprendre la communication lorsqu ’il s’agit des grands projets récents. Finalement, plusieurs suggestions sont émises pour la recherche et pour une gestion de projet «actualisée», qui envisage la communication comme une activité stratégique. 1 LE CHOIX D’UNE ÉTUDE QUALITATIVE SUR LA COMMUNICATION ET LES GRANDS PROJETS Les grands projets, qui sont pour la grande majorité d’entre eux des projets complexes engageant de nombreuses ressources sur une temporalité longue et qui se caractérisent également par la présence d’une multitude de parties prenantes diversifiées (Declerck, Debourse et Declerck, 1997), sont de plus en plus soumis à de nombreuses pressions externes, en particulier lorsqu’il s’agit de projets «publics» (Catherin, 2000). Qu’il s’agisse en effet de projets d’urbanisme, d’exploitation des ressources naturelles ou d’infrastructures routières, ces grands projets, au Québec en tout cas, partagent tous le fait qu’un nombre croissant de citoyens s’y intéressent pour des raisons diverses. Du syndrome NIMBY (Yates, 2010) aux inquiétudes causées par le réchauffement climatique de la planète, les populations se montrent de moins en moins indifférentes aux gestes posés par les pouvoirs publics (Libeart, 2011; Beaudoin, 2011). Dans ce contexte, il devient particulièrement intéressant de s’interroger sur la gestion de ces grands projets et de comprendre comment ces nouveaux paramètres sont pris en considération. À ce titre, un examen détaillé de la Communication et grands projets 6 communication réalisée par les promoteurs de ces projets – que ceux-ci soient politiques, privés ou institutionnels – procure une porte d’entrée pertinente pour apprécier comment et dans quelle mesure la gestion des grands projets a «incorporé» l’évolution des mentalités de la population québécoise depuis plusieurs décennies (Gariepy, 2012). Dans cet esprit, cette recherche qualitative tente d’abord d’identifier comment la communication a été effectuée au cours d’un grand projet«public» récent et d’en comprendre le bien-fondé. Elle tente également d’évaluer la congruence entre les activités de communication produites au niveau empirique et les définitions de la communication en gestion de projet produites au niveau conceptuel et finalement de discuter des pratiques de gestion de projet liées à ce type de projet. La méthodologie retenue ici est qualitative. Cependant, l’étude étant de type abductif, le déductif et l’inductif y sont à la fois présents (Thiétart et al., 1999). Côté conceptuel, un cadre théorique a été mobilisé à titre de guide de raisonnement comme aide à la construction et à la compréhension des résultats. Côté empirique, un vaste cas, traité sur deux années, est utilisé dans le cadre de cette étude. Les limites de cette recherche sont celles inhérentes à toute recherche qualitative (Giordano, 2001). Les données recueillies sont principalement de type secondaire (620 extraits de médias traditionnels et de réseaux sociaux, cinq ouvrages scientifiques et...

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