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Chapitre 3 La crise des caricatures en images Aujourd’hui plus que jamais, les médias de masse regorgent d’images, fixes et animées1 . Que ce soit par l’intermédiaire d’affiches publicitaires, de bandes dessinées, de caricatures, de photoromans ou encore de photographies de presse, notre œil est constamment nourri d’informations d’origine iconique, et l’image se banalise au point de nous faire oublier de l’interroger. Elle peut prendre plusieurs formes 1 Leconte, B (1980) Propositions pour l’analyse de l’image, Paris, Ligue fran- çaise de l’enseignement et de l’éducation permanente, p 24-26 Les caricatures de Mahomet entre le Québec et la France 64 et détenir différentes fonctions. Si, historiquement, elle a eu longtemps comme seule potentialité de reproduire le réel, pour Laurent Gervereau, elle «ne peut se cantonner à la reproduction: elle n’est pas seulement une transposition du réel, elle est aussi un réel intrinsèque avec ses propriétés et ses circuits2». Quoi qu’il en soit, dans la grande famille des images, la photographie de presse constitue une branche toute particulière et son analyse requiert de tenir compte de ses différentes caractéristiques. Nous pensons comme Yves Agnès que «avec les textes et les titres, les illustrations sont le troisième constituant majeur de la page3» d’un journal. Aussi nous semble-t-il nécessaire de nous intéresser à la question des items iconographiques dans notre corpus, d’autant que les questions du sacrilège et de l’iconoclasme sont posées tout au long de la crise des caricatures. Comment donc la religion est-elle visuellement représentée et mise en scène dans le cadre d’une crise elle-même déclenchée par des images? 1L’ANALYSE DE LA PHOTOGRAPHIE DE PRESSE: MÉTHODE D’APPROCHE ET D’ANALYSE 1.1. Pourquoi la photographie4 ? La photographie fait son apparition en 1839 pendant la révolution industrielle . Elle est considérée comme un objet «ressemblant», un «enregistrement » de faits ou une « trace » de la réalité. Martine Joly précise que«l’image ressemble ou se confond avec ce qu’elle représente. Visuellement imitatrice elle peut tromper comme éduquer. Reflet, elle peut conduire vers la connaissance5». Malgré ce lien rapidement établi entre l’objet de la photographie et la réalité extérieure6 , les journaux attendent 1890 pour remplacer les dessins communément employés pour illustrer les textes et se tourner vers ce nouveau support. Au début des années 1920, des journaux comme le Picture Post (Angleterre), la Berliner Illustrierte (Allemagne) ou 2 Gervereau, L (2000) Voir, comprendre, analyser les images, Paris, La Découverte, p 9 3 Agnès, Y (2002) Manuel de journalisme, Paris, La Découverte, p 350 4 Nous nous inspirons ici de l’article d’Hervé Le Goff «Photographie de presse» et de celui de Jean-Paul Gandolfo «Photographie: histoire des procédés photographiques», tous deux dans l’Encyclopédie Universalis, mais aussi de l’article: Sicard, M (2008) «Photographie: quel récit des origines?», dans J -P Montier et al (dir ), Littérature et photographie, Rennes, Presses universitaires de Rennes, p 47-65 5 Joly, M (1997) Introduction à l’analyse de l’image, Paris, Nathan Université 6 « L’image photographique, comme celle du miroir ou des ombres projetées sur le sol, est immédiate (sans la médiation d’un code), et dans cette mesure ne se réfute pas » Bougnoux, D (1994) «Nous sommes sujets aux images», Esprit, no 199, février, p 108 [18.118.145.114] Project MUSE (2024-04-23 07:41 GMT) La crise des caricatures en images 65 encore VU (France) mettent à profit les talents photographiques et inventent«une presse fondée sur des recours visuels, de mise en scène et en séquence des images7». Les technologies numériques des années 1990 viennent bouleverser le fonctionnement des agences photographiques; la photographie de presse obtient un nouveau statut et son utilisation conduit les chercheurs à s’interroger sur ses fonctions. La photographie appartient-elle au texte? Sa présence n’a-t-elle pour seul but que de l’illustrer? Est-elle un complément d’information ou la traduction en image d’une idée déjà exposée en mots ? Pour Martine Joly, « aucun message ne peut être absolument dénotatif, même s’il y prétend, comme...

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