In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Chapitre 8 Comprendre l’offre publique d’activités physiques et sportives L’approche générationnelle appliquée à la planche à roulettes1 Alex Dumas et Sophie Laforest 1. Nous aimerions remercier les personnes suivantes pour leur collaboration à cette étude: Tracie Barnett (Hôpital Sainte-Justine et Département de médecine sociale et préventive, Université de Montréal), Denis Brown et Benoit Tremblay (Direction de la promotion de la sécurité, ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport), Annie Geneau (Département de kinésiologie, Université de­ Montréal), Claude Goulet (Département d’éducation physique, Université Laval), Laurence Kern (Département de kinésiologie, Université de Montréal) et Sylvie Lepage (Ville de Montréal). Ce chapitre se penche sur la popularité grandissante des sports non traditionnels en milieu urbain (Wheaton, 2004) et s’inscrit dans la foulée des travaux entrepris visant à réformer et à mieux comprendre l’offre 140 Les nouvelles territorialités du sport dans la ville publique en matière d’activités physiques et sportives (APS). Il mettra en lumière divers aspects des relations intergénérationnelles, ainsi que leurs rôles et effets sur la pratique de la planche à roulettes. Le texte débute en exposant l’importance d’appliquer la génération comme catégorie analytique afin de mieux saisir les transformations sociales qui s’opèrent dans l’univers sportif. Par la suite seront présentés les résultats d’une analyse qualitative sur les luttes de légitimité des jeunes planchistes ainsi que leurs négociations difficiles du partage des ressources publiques consacrées à la planche à roulettes. 8.1. La planche à roulettes: une activité en mutation Au Québec, deux événements montréalais reliés à la fermeture de sites de planches à roulettes ont été hautement médiatisés et ont déclenché la mobilisation des planchistes, faisant ressortir leurs confrontations avec divers acteurs publics. Ces deux cas illustrent, entre autres, les questions de légitimité des nouvelles pratiques sportives associées à la jeunesse, et les débats sur le partage des ressources, de l’espace et des infrastructures publiques. Tout d’abord, en 1998, on apprenait que le Tazmahal, le plus grand roulodrome de Montréal, allait être détruit pour être remplacé par la Grande Bibliothèque. Avant sa démolition, la Ville de Montréal a annoncé sa volonté de réaménager rapidement ce parc de planche à roulettes, qui attirait environ 55000 planchistes par année (Bergeron, 2006). Au cours de la décennie suivante, le projet a été souvent retardé pour des raisons économiques et politiques. Après plusieurs années de discussions, la Ville de Montréal annonçait en grande pompe l’ouverture du parc en 2008. Aujour­ d’hui, le TAZ compte parmi les plus gros centres récréatifs du genre au pays. Comme cela est défini dans sa mission, le TAZ «est un organisme à but non lucratif qui œuvre au chapitre de la prévention et de l’intégration sociale des jeunes par la pratique d’activités sportives et culturelles […] pour accroître les opportunités d’intégration sociale des jeunes en restant à l’écoute des goûts et des souhaits qu’ils expriment» (TAZ, 2012). Ensuite, en 2006, dans un dossier similaire, mais de moindre ampleur, la multinationale Saputo, propriétaire de l’équipe de soccer professionnelle l’Impact de Montréal, avait annoncé la démolition du site de planche à roulettes le plus célèbre de Montréal au profit de ses nouvelles installations de soccer. Le Big-O, ancien monument cylindrique construit pour les Jeux olympiques de Montréal de 1976, attirant de nombreux planchistes , était devenu un point d’intérêt symbolique depuis qu’il avait été [3.145.143.239] Project MUSE (2024-04-25 11:27 GMT) Comprendre l’offre publique d’activités physiques et sportives 141 consacré par certains magazines internationaux de planche à roulettes (Walsh et Tison, 2006). Au moment de l’annonce de sa démolition, les planchistes se sont rués pour lancer la campagne Save the pipe (Sauvons la rampe). La controverse a été de courte durée en raison de la mobilisation des planchistes et de la grande couverture médiatique dont ils ont joui à l’échelle provinciale et nationale. En 2011, les propriétaires de l’équipe ont fait déplacer la structure de 175 tonnes sur une distance de 25 mètres afin...

Share