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Chapitre 2 L’évaluation Le choix de l’instrument d’évaluation de la dépression chez les adolescents devrait se faire en fonction de l’objectif visé, c’est-à-dire soit celui d’établir un diagnostic formel du trouble dépressif ou celui d’évaluer la sévérité des symptômes dépressifs, ceci tant à un niveau clinique ou syndromal que sous-clinique. Dans le premier cas, l’entrevue structurée ou semi-structurée est généralement requise et fournit une évaluation catégorielle, alors que les échelles d’évaluation autoévaluatives peuvent être suffisantes dans le deuxième cas. Ces dernières peuvent fournir une mesure dimensionnelle ou, par l’application de cotes de coupure, catégorielle de la dépression. Puisque les critères de la dépression diffèrent très peu entre l’adulte et l’adolescent – c’est-à-dire seulement par l’ajout de l’irritabilité comme humeur alternative à la tristesse et par la durée d’une année plutôt que deux pour la dysthymie –, les mesures développées pour évaluer la dépression chez l’adulte sont le plus fréquemment utilisées auprès des adolescents, en y apportant des modifications mineures. De plus, contrairement aux jeunes 3255 dépression_Marcotte D3661.indd 19 13-01-31 15:56 20 La dépression chez les adolescents enfants, les adolescents possèdent généralement les habiletés cognitives et langagières leur permettant d’exprimer leurs perceptions et sentiments intérieurs. En ce sens, ils s’avèrent souvent de meilleurs informateurs que leurs parents et leurs enseignants. Cette procédure comporte cependant le risque de présenter les items dans un langage parfois trop sophistiqué pour certains adolescents, en plus d’inclure certains items qui ne concordent pas toujours au contexte de vie des jeunes, tels que la diminution du rendement au travail plutôt que du rendement scolaire et la perte de libido. Ainsi, l’âge et le niveau de lecture de l’adolescent seront deux éléments importants à considérer dans le choix d’une échelle autoévaluative. Bien que sur le plan clinique, le choix de l’instrument d’évaluation puisse se faire relativement aisément en considérant le contexte et l’ob­ jectif du processus d’évaluation, il est important d’aborder le fait que la question de la mesure de la dépression ne fait pas consensus parmi les chercheurs, certains prônant une définition catégorielle alors que d’autres optent pour une définition dimensionnelle de la dépression, chaque défi­ nition comportant ses avantages et ses inconvénients. Doit-on mesurer la dépression selon un continuum ou selon des catégories? Alors que certains chercheurs se préoccupent de déterminer laquelle de ces deux méthodes est la plus rigoureuse, d’autres font plutôt ressortir les forces et les faiblesses de chacune. L’utilisation d’une mesure dimensionnelle de la dépression dans les recherches permet l’utilisation de méthodes corrélationnelles ainsi qu’un meilleur pouvoir statistique dans l’analyse de données, en plus d’étu­ dier l’ensemble de l’étendue des degrés de sévérité de la dépression. Elle est cependant limitée le plus souvent à un examen récent de la présence des symptômes, alors que l’approche catégorielle permet plus aisément d’éva­ luer la prévalence à vie du diagnostic. Par ailleurs, chacune des approches s’avère pertinente selon le contexte dans lequel on souhaite mesurer la dépression ainsi que selon l’objectif visé. Tout comme le soulignent Rutter, Harrington, Quinton et Pickles (1994), nous croyons que l’emploi de mesures autant dimensionnelles que catégorielles est nécessaire afin de distinguer les caractéristiques associées à la présence du trouble dépressif de niveau sous-clinique de celles des groupes cliniques; les premières docu­ mentent les programmes de prévention alors que les deuxièmes s’adressent davantage aux programmes d’intervention. Également, l’emploi de telles mesures donnent l’occasion de mieux comprendre les trajectoires développementales par l’examen plus attentif des variations des symptômes selon l’âge et le sexe (Caron et Rutter, 1991; Gonzalez-Tejera et al., 2005). Certains auteurs ont d’ailleurs démontré qu’il y a une continuité entre la dépression mineure et l’épisode de dépression majeure, et que les deux ont des...

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