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3 QuELLE PATRIMonIALISATIon PouR LES égLISES Du QuéBEc? La conversion des églises excédentaires à des fins résidentielles Lyne Bernier Résumé La fermeture et la vente des églises ont fait couler beaucoup d’encre au cours des dernières années au Québec et une vaste couverture médiatique témoigne d’un attachement certain à cet héritage culturel et historique, tant en milieu urbain qu’en milieu rural. La décroissance du parc immobilier ecclésial du Québec ne se fait pas sans heurts, bien que des mesures de protection soient prévues par la loi ; certains exemples démontrent l’échec relatif de la gestion de cet héritage culturel . Cet article dresse un portrait statistique sommaire de la fermeture, de la vente et de la conversion des églises du Québec depuis le début du XXe siècle, en soulignant les différences observées entre Montréal, métropole du Québec, et ses régions. Au-delà des chiffres, quelques cas de conversions à des fins résidentielles sont présentés. Ces exemples interrogent dès lors la pérennité patrimoniale de ces « monuments » après leur changement de vocation, eu égard aux qualités formelles, symboliques et identitaires attribuées aux églises du Québec. [52.14.130.13] Project MUSE (2024-04-19 23:19 GMT) Quelle patrimonialisation pour les églises du Québec? 67 L a patrimonialisation des églises du Québec a sans doute commencé au cours des années 1960, période caractérisée par la modernisation de la société québécoise et sa Révolution tranquille1, enclenchant le délaissement graduel de la pratique du culte. Ce processus s’est amorcé lorsque l’objet-église est devenu obsolète et que sur lui plane la menace de disparition. Cette désaffectation généralisée semble désormais un mouvement irréversible2 au Québec. Quelques auteurs3 ont déjà très bien analysé et relevé les enjeux et les défis de la conversion des églises excédentaires au Québec, mais la comparaison entre la métropole et les autres régions confirme toutefois l’émergence de nouveaux enjeux urbanistiques et patrimoniaux, particuli èrement à Montréal. Par ailleurs, l’analyse des statistiques démontre l’ampleur du phénomène et témoigne des différences observées entre Montréal et les autres régions eu égard au volume des ventes, aux acheteurs , aux prix et aux conditions de vente, ainsi qu’au nouvel usage déployé dans les églises du Québec. De plus, l’identification de secteurs urbains d’intérêt patrimonial intéressant, dont font généralement partie l’église et son noyau paroissial, ne débouche que rarement sur un contenu prescriptif cohérent, notamment en regard des affectations, des usages et des modalités de leur insertion dans les formes architecturales et morphologiques héritées. La contribution significative de l’urbanisme québécois à la problématique de l’avenir des églises reste donc à faire4. 1. Ce terme désigne une période de l’histoire contemporaine du Québec, essentiellement les années 1960, caractérisée par l’adoption des principes de l’État-providence. La Révolution tranquille correspond à la modernisation de la société québécoise incarnée, entre autres, par la séparation de l’Église catholique et de l’État et par la mise en place d’un appareil étatique dans les secteurs d’activités sociales autrefois dévolus aux religieux (éducation, santé, etc.) 2. Noppen, Luc, 2006, «La conversion des églises au Québec. Enjeux et défis», dans Lucie K. Morisset, Luc Noppen et Thomas Coomans (dir.), Quel avenir pour quelles églises? What Future for Which Churches?, Québec, Presses de l’Université du Québec, coll. «Patrimoine urbain», p. 278. 3. Notamment: Noppen, Luc et Lucie K. Morisset, 2005, Les églises du Québec: un patrimoine à réinventer, Québec, Presses de l’Université du Québec; Morisset, Lucie K., Luc Noppen et Thomas Coomans (dir.), Quel avenir pour quelles églises…, op. cit; et Turgeon, Laurier (dir.), 2005, Le patrimoine religieux du Québec: entre le cultuel et le culturel, Québec, Presses de l’Université Laval. 4. Beaudet, Gérard, 2006, «Redécouvrir l’urbanité des églises», dans Morisset et al., Quel avenir pour quelles églises…, ibid., p. 372-392. 68 La patrimonialisation de l’urbain L’analyse...

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