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INTRODUCTION Ce livre présente les principaux travaux réalisés dans le cadre du colloque tenu par le Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES) en avril 20111 . Ce colloque visait à analyser les options sociales innovatrices en réponse aux avancées d’inspiration néolibérale qui remettent en question et sapent les acquis sociaux et démocratiques de nos collectivités, et participent, par leurs effets déstabilisants, à l’émergence d’un état de crise majeure se révélant sur plusieurs facettes. L’envergure de la récente crise financière, le déclin de la participation démocratique, les inégalités croissantes sur les plans social et territorial, tout comme l’exclusion de populations entières des réseaux qui assurent le développement mettent en évidence l’échec d’une conception de la société fondée sur un modèle de croissance sans égard à la responsabilité sociale ni au respect de l’environnement . Ce modèle de croissance s’appuie, depuis les années 1980, sur la globalisation des marchés, sur l’érosion des pouvoirs étatiques, sur la fragilisation des moyens de protection sociale et sur une mobilisation utilitariste des capacités d’action de la société civile. Il fait la promotion d’une flexibilité et d’une mobilité qui élèvent le marché au rôle de principal mécanisme régulateur et qui assurent aux principaux détenteurs des pouvoirs, à tous les niveaux et à toutes les échelles, la mainmise sur les principaux mécanismes de régulation. 1. Le comité organisateur du colloque était formé par Jean-Marc Fontan, Frédéric Hanin, Juan-Luis Klein (coordonnateur du comité), Paul Leduc Browne, Marie-José Legault et Caroline Patsias. Ce texte reprend une partie du document présentant la problématique du colloque et l’appel des communications produit par ce comité. 2฀ Pour฀une฀nouvelle฀mondialisation฀•฀Le฀défi฀d’innover Un des enjeux posés par ce modèle de croissance consiste en la redistribution des fonctions jadis exclusivement assumées par l’Étatnation (Sassen, 2007). Les instances de pouvoir de niveau international se sont multipliées aux dépens des pouvoirs régulateurs des États. Plusieurs responsabilités étatiques ont ainsi été transférées à des organismes qui agissent au-dessus des pouvoirs publics démocratiquement élus. Certains de ces organismes ont une certaine imputabilité internationale; c’est notamment le cas de ceux qui ont été implantés à la faveur des accords de Bretton Woods. D’autres, cependant (les organismes de cotation financière, par exemple), n’en ont aucune. À bien des égards, ces organismes ont eu une responsabilité importante dans le déclenchement de la crise en cours, sans que, dans les solutions palliatives qui furent appliquées, leur pouvoir ait été altéré.Toutes ces organisations à vocation économique et financière explicite ont également une fonction aussi bien politique que sociale, voire territoriale. Par ailleurs, d’autres pouvoirs ont été transférés à des organismes et acteurs qui opèrent à un échelon local, dans le cadre de processus de décentralisation ou de déconcentration, souvent réclamés d’ailleurs par des instances locales, mais aussi de processus de privatisation de la dispensation de divers services. Ce rescaling (Brenner, 1999) aura-t-il des effets majeurs sur la capacité des sociétés à prendre des décisions appropriées pour agir sur les facteurs qui ont provoqué la crise? Le régime de croissance fordiste, qui, au cours des années 1980, a cédé la place aux visions monétaristes, avait été construit et appliqué en réponse à la crise de surproduction de 1929 (Lipietz, 2012). En réponse à cette crise, l’État-nation a acquis toute sa maturité en greffant le développement économique aux responsabilités des pouvoirs publics. Les vices marquants du monde économique, identifiés par Keynes au sujet du capitalisme du début du XXe siècle, étaient l’absence d’assurance du plein emploi, la répartition arbitraire de la fortune et du revenu et le manque d’équité (Keynes, 1939). Inspirés par Keynes, les États ont alors mis en place un modèle de croissance basé sur la consommation et se sont dotés de mécanismes d’intervention, ainsi que d’une conception de la citoyenneté qui intégrait la solidarité sociale. Ce modèle incarnait aussi les compromis auxquels avaient conduit la pression des mouvements sociaux, lesquels luttaient pour obtenir et...

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