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Préface Guy Rocher Antoine Baby: une voix qu’il faut écouter. Absolument! Il en a beaucoup à dire, et rien de banal. D’autant plus facile à écouter qu’il nous parle. Il écrit comme il parle. Il écrit en parlant. Il a une écriture sonore. C’est qu’il parle de l’éducation d’une manière qu’on entend peu, trop peu: il l’aborde en sociologue. Il est pédagogue, mais aussi sociologue de la pédagogie, de l’école, de l’élève, des parents. C’est là la richesse et l’originalité des analyses qu’il nous propose, des jugements qu’il porte, des propositions qu’il fait. Antoine Baby dit de lui-même qu’il est sociologue « par choix, par métier et par déformation». Mais il ne nous donne pas un cours de sociologie: il pratique la sociologie «de terrain», c’est-à-dire qu’il observe la réalité de l’école telle qu’elle se présente à ses yeux; il écoute, il va vers les acteurs réels, il aime engager le dialogue avec tous ceux qu’il rencontre et avec tous les auditoires à qui il adresse la parole. Pour faire comprendre sa sociologie, il revient à la notion originelle de l’écologie. Par une sorte de dérive, ce terme a pris le sens de la défense et de la protection de l’environnement . Ce n’est pas faux, dans la mesure où un tel mouvement existe; mais à la base, l’écologie est avant tout une science. Et c’est à cette discipline scientifique que revient Antoine Baby.«L’écologie, nous rappelle-t-il, c’est l’étude des milieux où vivent les êtres vivants, mais aussi l’étude des êtres vivants dans leurs rapports avec ces milieux.» C’est selon cette définition que Baby fait l’écologie de l’enseignement: il aborde l’école comme un milieu de vie, Qui a eu cette idée folle ? X lui-même en lien avec d’autres milieux de vie; il aborde les acteurs (élèves, enseignants, administrateurs, etc.) dans les rapports qu’ils entretiennent entre eux, et dans leurs différents milieux de vie. Cela donne à ses analyses une remarquable qualité d’authenticité: elles nous plongent dans la dynamique du vécu; elles nous ouvrent des perspectives à la fois en profondeur, dans la factualité, et en étendue par les divers contextes, micro- et macrosociologiques où toute action se situe. Et pour ces contextes, les visions de Baby sont très larges: elles vont de la mondialisation (trop rarement évoquée en matière d’éducation) à la relation maître-élève. Le spectre est très ouvert, et toujours pertinent. Mais l’écologie entendue comme science n’empêche pas Baby de nous faire généreusement part de ses jugements, de ses évaluations critiques, de ses projets de changement. Car il n’est pas qu’un analyste attentif à la réalité, il est aussi lui-même un acteur engagé dans les débats et les enjeux touchant le présent et l’avenir de notre système d’enseignement. Il faut lire ce qu’il a à dire sur les réformes successives qu’a connues le Québec: il y a là matière à réfléchir, à méditer et à agir. Il en va de même pour la place occupée par le secteur (mal nommé) «privé». Baby exprime avec force ses convictions, que je partage. Nous avons laissé se développer un secteur privé financé par les fonds publics aux dépens de l’enseignement public, lequel a connu une attristante dévalorisation, alors qu’on avait pu espérer, à la suite de la Révolution tranquille, en faire l’école commune, accueillante par la polyvalence à tous les talents et à tous les goûts. Parmi les projets d’intervention mis de l’avant par Antoine Baby, le plus ambitieux – et peut-être le plus urgent – est celui d’entreprendre une campagne de sensibilisation dans le but de rendre à l’éducation sa vraie place, celle d’une priorité nationale, et à l’école publique le respect qui lui est dû. Le présent ouvrage est un appel à une telle campagne. Mieux encore: je dirais qu’il engage déjà cette démarche. J’espère, je souhaite, et de tout cœur, qu’il sera entendu et suivi. ...

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