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3 chapitre l’école comme un enjeu le conteXte Cette communication a été donnée à l’Association des professeurs de sociologie de l’enseignement collégial et les élèves intéressés étaient invités à y assister. Dans les minutes qui vont suivre, quand je parle d’École, ce sera avec un grand É et cela comprendra le cégep et même l’université. Autrement, je préciserai de quel «ordre d’enseignement » (parce que c’est comme ça qu’ils l’appellent…) il s’agit. Je dirai, par exemple, au primaire et au secondaire, ou encore au collégial ou à l’université. Vous voyez ce que je veux dire? Bon. Autre précision utile pour ne pas dire indispensable. Quand je parle de l’École, c’est toujours de l’école publique dont il s’agit. J’ignore totalement l’enseignement privé parce que c’est une fausseté et une aberration. C’est une aberration dans la mesure où cela reste, malgré de poussifs efforts de démocratisation, un privilège de classe maintenu en vie grâce au respirateur artificiel de nos impôts. Autrement dit, un privilège pour quelques-uns payé par tous. 3.1. l’école PriVée et les « clientèles lourdes » En réalité, ce qui a le culot de s’appeler privé, n’a de privé que le triple pouvoir de sélection qui le fait faussement «péter» des scores dans les palmarès, soit le pouvoir de sélectionner à l’entrée sur le dossier scolaire, sur la fortune des parents et sur celui du rendement scolaire en cours de route, obligeant ainsi l’école publique à terminer la formation de ses «déchets» (entre guillemets…) qui n’auraient pas atteint l’âge maximum de la scolarité obligatoire défini par la loi, soit 16 ans. Partie 1 // Pour une socioloGie de l’éducation scolaire 58 Ma position a toujours été claire sur la question de l’enseignement qui se prétend privé. Si j’étais premier ministre (ne faites jamais ça…), je refuserais toute subvention à toute école privée qui n’assumerait pas, au prorata de ses effectifs, les mêmes charges sociales et pédagogiques que l’école publique. Ça veut dire quoi assumer les mêmes charges sociales et pédagogiques que l’école publique? Ça veut dire quatre choses: 1) admettre tout le monde gratuitement; 2) ne pas sélectionner à l’admission; 3) ne pas mettre à la porte un élève de moins de dix-sept ans; 4) assumer sa part de ce que l’affreux jargon du Ministère appelle les«clientèles lourdes». Ces deux mots accouplés me pètent dans le crâne pour m’en faire«crochir» les yeux. Clientèles lourdes… Affreux, ce jargon, non ? Mais au fait, qui mérite cette affreuse qualification ministérielle? C’est qui ça, les «clientèles lourdes»? Ce jargon fourre-tout regroupe deux catégories d’élèves : soit les élèves de l’enseignement professionnel et les élèves dits en difficulté. Les premiers sont considérés comme«lourds» parce que leur formation nécessite des équipements coûteux et des ratios d’enseignement plus bas, et par conséquent coûte plus cher. Quant aux élèves dits en difficulté, ils sont considérés comme lourds parce que leur formation particulièrement complexe exige plus de ressources humaines et matérielles et, par conséquent, coûte aussi plus cher que l’enseignement général. En pratique, l’enseignement privé ne s’embarrasse pas de ces client èles lourdes. Pas étonnant que, dans les épreuves du Ministère, ses élèves, ultra sélectionnés dans des espèces de dream teams, «pètent» des scores faramineux et réussissent mieux que les élèves du public dont les moyennes incluent tous les élèves, des plus poches aux plus bolés, encore que le prestige abusif de l’enseignement privé écrème souvent les bolés qui autrement viendraient améliorer les résultats de l’école publique. Je me permets d’ajouter un autre commentaire au sujet de cette minable expression de «clientèles lourdes». Il s’agit, vous l’avez deviné, d’un emprunt au jargon du commerce. Dans cette perspective, les élèves sont des clients à qui l’école vend des marchandises. Il y a des bons clients et des mauvais clients, des clients lourds. Il y a de la bonne marchandise et de...

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