Livres québécois remarquables du XXe siècle

L'esprit révolutionnaire dans l'art québécois de Robert-Lionel Séguin , 1972 : Les rébellions québécoises en dessins et gravures

1972 Robert-Lionel Séguin L’ESPRIT RÉVOLUTIONNAIRE DANS L’ART QUÉBÉCOIS DONNÉES BIBLIOGRAPHIQUES Auteur Robert-Lionel Séguin Titre L’esprit révolutionnaire dans l’art québécois – De la déportation des Acadiens au premier conflit mondial – 265 illustrations Imprimeur Journal Offset Éditeur Éditions Parti pris Lieu Montréal Collection Du chien d’or Date de publication 1972 Format 36,5 × 27 cm Nombre de pages 579 Robert-Lionel Séguin L’ESPRIT RÉVOLUTIONNAIRE DANS L’ART QUÉBÉCOIS Les rébellions québécoises en dessins et gravures PAR ROBERT LAHAISE Il est des livres qui échappent aux normes habituelles. Ainsi en est-il de l’ouvrage publié par Robert-Lionel Séguin en 1972 sous le titre de L’esprit révolutionnaire dans l’art québécois – De la déportation des Acadiens au premier conflit mondial. L’ouvrage se distingue tant par son format et par sa reliure que par son propos. 254 Livres québécois remarquables du xxe siècle ROBERT-LIONEL SÉGUIN Robert-Lionel Séguin, fils unique, naît le 7 mars 1920 à Rigaud. Tout jeune, Robert-Lionel manifeste son appartenance à Rigaud où ses ancêtres ont défriché«la glèbe laurentienne» depuis 17831 , et cela inspirera sans doute son profond attachement au patrimoine, notamment matériel, du Québec. Cet attachement l’amènera à constituer ses «archives du milieu matériel», comme il appelait les quelque 35000 photographies de ses objets témoignant de notre passé, photographies méticuleusement fichées et placées dans ses deux maisons, l’une qu’il a fait construire comme cela se faisait vers les années 1750 et qu’il habitait, et l’autre datant du milieu du xixe siècle. Trois remises de quelque 25 mètres sur 10 chacune contenaient dans un ordre impeccable les 35 000 objets déjà mentionnés. Sur ces acquis, il écrit – et surtout décrit – 19 volumes et plus de 300 articles. Il réalise de plus avec Léo Plamondon 25 documentaires sur«la belle ouvrage» de nos ancêtres, sans oublier la rédaction de trois thèses de doctorat, en histoire, en lettres et en ethnologie ! Séguin devient, en 1969, professeur à l’Université du Québec à Trois-Rivières, où il fonde le Centre de recherches en civilisation traditionnelle. Avec ses étudiants, il compile au-delà de «200000 fiches» sur sa collection qui y est déplacée, car il a refusé personnellement une offre de 1500000$ du gouvernement du Canada pour ces objets, puisque pour lui «rien n’en doit sortir du Québec». 1. R.-L. Séguin, «Ô ma presqu’île», poème composé en 1940, cité par M. Brouillard, L’homme aux trésors – Robert-Lionel Séguin, p. 44. Voir également Y. Bergeron,«Portrait de Robert-Lionel Séguin». Une image typique du patriote avec fusil, tuque et ceinture fléchée dessinée par Albert Fournier et intitulée«En avant!», p. 293. L'esprit révolutionnaire dans l’art québécois – Robert-Lionel Séguin 255 Durant toutes ces années, il ne cesse de publier sur son Québec, et en particulier sur sa raison de vivre: La civilisation traditionnelle de l’«habitant» aux xviie et xviiie siècles – Fonds matériel, ouvrage de 701 pages dans lequel, grâce principalement au dépouillement des greffes notariaux et à l’ensemble des imprimés, il parvient à détailler comme jamais cela n’avait été fait aussi systématiquement le cadre matériel de la vie en Nouvelle-France. En somme, c’est la résurrection globale d’une société par un seul chercheur. Hélas ! plusieurs le considéraient uniquement comme un «ramasseux de vieilleries» dont le Québec de 1970 devrait se défaire. Par-delà le cadre matériel de vie, le nationalisme de Séguin oriente d’autres travaux. En 1955, son premier livre porte sur Le mouvement insurrectionnel dans la presqu’île de Vaudreuil, 1837-1838. Il poursuivra dans le même esprit en 1964 avec La victoire de Saint-Denis, en indiquant bien qu’«il faut retenir que la seule liberté qui existe, ce n’est pas celle qu’on nous accorde, mais bien celle qu’on prend2». Quatre ans plus tard aboutit une...