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Chapitre 1 Qu’est-ce que l’éthique? Ce chapitre a pour objectif de définir ce qu’est l’éthique, tout en précisant ce qui la distingue de la morale, du droit et de la déontologie professionnelle . Il s’agit, ce faisant, de caractériser l’objet d’étude de l’éthique, sa nature, sa méthode, son but et les œuvres qui y sont associées. Cela dit, il n’existe rien de tel qu’une définition universelle de l’éthique (et la même chose peut être affirmée au sujet de la philosophie et de l’ergothérapie ). De fait, il existe probablement autant de définitions de l’éthique qu’il existe d’éthiciens1 ou plutôt de philosophes qui font de l’éthique. La caractérisation de l’éthique (et de la philosophie) qui est ici proposée émerge d’une réflexion générale sur l’éthique et vise à être utile à tout ergothérapeute qui s’intéresse à l’éthique. L’intention de cette caractérisation est pragmatique : il s’agit d’offrir des catégories conceptuelles pertinentes , opérationnelles et relativement simples qui seront utiles à la réflexion et à la pratique éthiques de l’ergothérapeute. 1. Comme l’indique Weinstock dans l’ouvrage Profession éthicien, « il n’existe aucune discipline bien établie portant le nom d’éthique » (2006, p. 8). Tout comme l’auteure du livre que vous avez entre les mains, Weinstock a étudié la philosophie, mais n’a pas fait d’études d’éthique à proprement parler. De l’éthique à l’ergothérapie 16 1.1. L’éthique et la philosophie L’éthique est une discipline philosophique, c’est-à-dire une branche de la philosophie. Ainsi, avant de définir ce qu’est l’éthique, il peut être intéressant de comprendre en quoi consiste la philosophie. Or, définir ce qu’est la philosophie n’est pas une tâche aisée. La polysémie2 entourant cette notion a le pouvoir de donner le vertige à toute personne qui tente un tant soit peu de la circonscrire. À titre d’exemple, Weinstock affirme que la philosophie est « la science qui entend régir l’emploi que nous faisons de nos facultés rationnelles » (2006, p. 8). Pour sa part, Deleuze indique que la philosophie est « la discipline qui consiste à créer des concepts » (1991, p. 10). Wittgenstein précise, de son côté, que la philosophie n’est pas un corpus de doctrine, mais une activité visant la clarification logique des pensées (2003, p. 29). Métayer, quant à lui, soutient que la philosophie est « une discipline qui réfléchit sur des sujets d’une grande généralité pour en comprendre les principes fondamentaux » (2007, p. 1). Enfin, Comte-Sponville affirme que la philosophie est une« pratique discursive qui a la vie pour objet, la raison pour moyen et le bonheur pour but » (2000, p. 15). Ces définitions n’épuisent certes pas les diverses manières de concevoir la philosophie, mais elles montrent la pluralité sémantique qui caractérise cette discipline (comme bien d’autres, dont l’ergothérapie ). Sans approfondir davantage les différentes arguties3 entourant la notion de philosophie (ce n’est pas le but de l’ouvrage), la façon d’aborder la philo­ sophie qui est ici proposée vise à aider l’ergothérapeute à comprendre ce qu’est l’éthique. Le contexte de la définition suggérée étant spécifié (être utile à l’ergothérapeute), la définition élaborée ci-après précise l’objet d’étude de la philosophie, sa nature, sa méthode, son but et ses œuvres. Les définitions élaborées dans cet ouvrage suivent en règle générale la même démarche intellectuelle (comme c’est le cas par exemple au paragraphe suivant). Plusieurs disciplines tentent de comprendre la réalité, que ce soit dans ses dimensions concrètes (empiriques, phénoménales, etc.) ou­ abstraites (métaphysiques, axiologiques, symboliques, etc.). La science, la religion et l’art sont des exemples de telles disciplines4 . Chacune d’entre elles aborde l’objet d’étude qu’est la réalité, selon sa nature, sa méthode, son but, et produit à son égard des œuvres singulières. Cette soif proprement humaine de comprendre la réalité a fait en sorte que l’humanité a 2. Le fait, pour une notion, d’avoir plusieurs sens. 3. Argumentations subtiles. 4. Le mythe...

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