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Chapitre 7 La réflexion éthique en ergothérapie Le chapitre précédent a porté entièrement sur les valeurs. Il a montré que ces éléments immatériels et souvent invisibles s’avèrent fondamentaux , notamment parce qu’ils peuvent parfois se présenter comme des raisons d’agir, voire comme des motivations à l’action. Par exemple, on peut imaginer une personne qui revendique le partage des tâches à la maison parce qu’elle considère que l’égalité entre les sexes constitue une valeur importante qui devrait présider les relations entre les personnes au détriment de l’inégalité interpersonnelle. On peut aussi penser à un individu qui milite pour l’arrêt des hostilités entre des nations, car il estime que la paix devrait guider les relations entre les peuples plutôt que la guerre ; ou encore à un étudiant qui condamne la hausse des droits de scolarité parce qu’il considère que l’accès à l’éducation pour tous, au contraire d’une faible accessibilité au savoir, caractérise une société juste et équitable. Enfin, on peut concevoir un ergothérapeute qui condamne et dénonce l’indiscrétion, estimant que le respect de la vie privée des clients est une condition sine qua non du respect de la dignité de toute personne. Bien entendu, plusieurs raisons et motivations contribuent à expliquer les attitudes, les décisions et les comportements des individus. De l’éthique à l’ergothérapie 222 De fait, les raisonnements et les motifs qui poussent quelqu’un à s’engager dans les activités et les occupations qui meublent son quotidien , de même que dans les causes sociales qui lui tiennent à cœur sont très variés. Si les valeurs et les croyances des personnes peuvent parfois donner des raisons ainsi que des mobiles d’agir, d’autres éléments, comme les récompenses, les punitions, les préférences, les besoins, les désirs, les incli­ nations, les perversions, les dépendances, les responsabilités, les­ normes, les modes, les contraintes exercées sur les personnes, les conditionnements , etc., peuvent aussi influencer de diverses manières les décisions , les attitudes et les actions des personnes. En somme, les décisions, les attitudes et les conduites des individus apparaissent influencées par une combinaison de facteurs qui agissent, selon les personnes, à divers degrés et de diverses manières. Le moment est maintenant venu d’étudier l’étape qui précède l’action, à savoir la réflexion menant à la décision. Chaque jour, l’ergoth érapeute prend des décisions qui orientent ses attitudes et ses comportements . Les choix et les actions de l’ergothérapeute répondent à des questions qui peuvent – ou non – comporter des dimensions éthiques. Voici des exemples d’interrogations que l’ergothérapeute peut être amené à formuler. Celles-ci sont liées à l’intervention ergothérapique, plus particuli èrement au rôle d’expert en habilitation fondée sur l’occupation de l’ergothérapeute. Comment assurer une pratique basée sur des résultats probants? Quel modèle théorique convient à la présente situation? Quels schèmes de référence pourraient enrichir et compléter le modèle théo­ rique utilisé avec telle ou telle personne? Quelles évaluations permettent de cerner le degré de rendement et d’engagement occupationnels du client et quelles modalités favorisent son rendement et son engagement occupa­ tionnels ? Comment intervenir en étant centré sur les occupations ? Comment favoriser la motivation et l’implication du client dans les interventions ergothérapiques, c’est-à-dire dans son plan d’interventions individualis é (PII)? Comment encourager la participation de la famille auprès du client ? Comment expliquer aux autres intervenants l’importance et la pertinence de cette intervention pour le client ? Etc. Or, l’ergothérapeute est amené à répondre à d’autres types de questionnements, lesquels comportent une dimension éthique. Par ­ exemple, quels critères permettent de prendre la décision de cesser les interventions ? Comment faciliter l’accès aux services ergothérapiques, voire aux soins de santé en général ? Quels critères devraient être utilisés pour gérer la liste d’attente du programme ? Quels critères convient-il d’appliquer pour distribuer de façon juste et équitable les aides techniques et technologiques dans un contexte de rareté des ressources ? Quand les mesures de contention s’avèrent-elles justifiées? Quelles attitudes ­ adopter [3.140.198.173] Project MUSE (2024...

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