In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Prologue Quand les lumières s’allument, trois personnes sur scène. Dans le fond, côté cour, le meneur de jeu, dans l’ombre. En avant, d’un côté de la scène, un homme, et de l’autre, une femme, qui prennent la parole à tour de rôle. Serge — J’ai 47 ans, pis j’ai jamais été dans la merde comme je le suis là. […] Pas de logement ou ces choses-là, ça m’est jamais, jamais, jamais arrivé […] Tu sais, ils me disent: «Lâche pas, tu vas t’en trouver un [logement], puis, cherche comme il faut, tu vas voir, tu vas te trouver de quoi, pis tu t’ennuieras pas.» […] «Sinon, ben, si t’as encore des idées noires pis tout ça […] Tu nous rappelleras; s’il y a de la place, ben, on va te reprendre, parce que t’as été un très, très bon résident.» Fait que… […] Une journée, j’ai dit: «OK, je vais faire le dîner, non, je vais faire le souper, pis après ça m’en aller faire les commissions.» […] Le soir, j’ai fait le souper […] Le lendemain, j’ai dit: «Envoie A u - d e l à d u p r é j u g é XVI donc!» j’ai dit: «Je vais faire encore le souper. Moi, j’aime ça, manger. Cuisiner, j’aime ça.» […] T’sais, je peux faire un beau gros rôti, ces choses-là, avec des patates brunes. Brigitte — Je suis une fille qui aimait beaucoup bouger, qui était dehors, que ce soit marche, natation ou bicyclette, vraiment n’importe quoi, je suis une active, puis tomber inactive de même, bien le cercle d’amis a tombé, les activités aussi… J’ai essayé l’autre jour juste de jouer au ballon avec ma nièce, puis je le lui ai lancé trois fois puis j’étais plus capable. J’ai été obligée d’arrêter tout de suite. Renaud — C’est très difficile de subvenir à nos besoins [à l’aide sociale], il faut se limiter énormément. Puis si ce n’est que de bien manger, de bien s’habiller, le déplacement, te trouver un emploi, juste ça, on vient de se bloquer, de se fermer des portes pas à peu près, sans compter le loyer et tout ça, puis les comptes… Sonia — Le père était pas là, je vivais dans l’isolement, puis ils ont jugé que j’étais pas compétente pour m’occuper de mon fils. […] Ils me l’ont enlevé quand il avait dix mois et demi, j’étais en train de l’allaiter… […] T’sais, c’est un déchirement, puis je pleurais à chaque fois que je voyais un bébé, ou je pleurais à chaque fois que je voyais une maman qui allaitait son bébé au sein. Raymond — Il m’a dit «je vais essayer de voir ce que je peux faire». Deux semaines après, quand le chèque entre, il n’y a pas de chèque qui est entré. Il ne me l’a même pas dit. Il a coupé. Alors, je n’ai pas pu y retourner. Il me restait 3 mois à faire, après ça mon stage et j’étais reçu infirmier auxiliaire. Bien là, ils m’ont coupé. Mon chien est mort. Céline — Ça me permet en même temps de découvrir qui je suis. Parce qu’il y a à peu près un ou deux mois avant ça, j’étais plus moi-même, j’étais trop… j’étais emprisonnée. J’ai vécu beaucoup, comment je pourrais dire ça, de la violence. [3.136.18.48] Project MUSE (2024-04-25 14:49 GMT) P r o l o g u e XVII Violence verbale, violence physique… J’aime les choses aussi qui sont assez sensations fortes, comme les jeux, les manèges et tout ça – c’est mon petit côté enfant […] Ça me permet en même temps de sortir les émotions, comme partir à crier, parce que tu es à peu près à plus que trois mètres, et là la côte elle descend… (wouhouuuu!) ça te libère, ça te permet d’être quelqu’un d’autre, et c’est ça qui est l’fun. Mario — Le médecin m’a donné un an, on me l’a refusé. On l’a refusé tout de suite, on m’a donn...

Share