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68 penser métropolitain? double relation entre institutions et acteurs, expliquerait pourquoi on retrouve, par exemple, des différences entre des modèles de gestion métropolitaine mis sur pied dans le même pays et avec les mêmes mécanismes (c’est-à-dire la France). Plusieurs auteurs ont identifié six groupes d’acteurs locaux participant aux modes de coopération métropolitaine: le milieu institutionnel ou politique (élus et fonctionnaires), le milieu des affaires (chambres de commerce , industries), le milieu communautaire (groupes de citoyens, associations de professionnels, de propriétaires, etc.), les syndicats, les experts et les médias (Feiock et Carr, 2001; Heinz, 2004). Les acteurs politiques (élus et fonctionnaires) participent toujours au processus, tandis que la participation des autres groupes dépend des règles du jeu, notamment du modèle de gestion métropolitaine que l’on veut implémenter. Au Québec, le modèle de gouvernance accorde un rôle très important à l’intervention de l’État et des institutions (Hamel et Jouve, 2006). À Montréal, la mise en place du modèle de gestion métropolitaine de 2000 a été réalisée quasi exclusivement par les acteurs politiques du monde municipal (Hamel et Rousseau, 2006; Mévellec, 2008). En effet, la réforme ne s’est pas réalisée au moyen d’un processus de consultation populaire ou de concertation avec les acteurs des milieux socioéconomiques. En raison du type de réforme envisagée, l’accord des élus était nécessaire pour assurer la légitimité de la décision gouvernementale et c’est pourquoi ils ont été les seuls (avec des équipes de fonctionnaires ) à participer directement aux négociations avec le gouvernement provincial. Cela explique en premier lieu que nous ayons décidé d’interviewer seulement des élus et des fonctionnaires à l’échelle locale et provinciale (outre les experts) et que nous accordons plus d’importance au rôle des élus locaux pendant la réforme Harel1. Un autre facteur justifiant une analyse axée sur les acteurs politiques est le modèle de gestion métropolitaine mis en place. Parmi les acteurs possibles, les acteurs du milieu institutionnel sont les plus interpellés par l’enjeu de la coopération métropolitaine. En effet, tout changement dans les rapports de pouvoir au sein de la région métropolitaine implique les élus puisque, selon les règles de la démocratie représentative, ils sont les délégués de la population. Quant au cas de Montréal, la réforme du gouvernement provincial consistait à redéfinir les limites administratives municipales 1. entre les mois de mars et mai de 2004, nous avons réalisé une douzaine d’entretiens exploratoires auprès de professeurs universitaires, chercheurs et spécialistes dans le domaine. ensuite, nous avons réalisé 45 entretiens entre les mois de novembre 2004 et mars 2006 avec des élus et fonctionnaires, tant du niveau provincial (19 entretiens) que local (26 entretiens). lors de notre séjour de recherche entre les mois de mars et août 2011, nous en avons profité pour réaliser à nouveau des entretiens avec une dizaine de spécialistes et experts ainsi qu’avec dix élus et des fonctionnaires des niveaux de gouvernement provincial et local. Notre analyse s’inspire également de documents écrits (mémoires présentés aux commissions parlementaires, rapports, textes de conférences, articles parus dans les journaux, etc.). Pour les détails sur la méthodologie de la recherche, voir Tomàs, 2007. [3.17.74.227] Project MUSE (2024-04-19 21:44 GMT) Chapitre 3 – penser métropolitain? 69 advenant les fusions municipales et à créer deux nouveaux espaces politiques: à l’échelle métropolitaine (la Communauté métropolitaine de Montréal) et à l’échelle infralocale (arrondissements). Cette réforme a touché directement les intérêts des élus locaux, plus que n’importe quel autre groupe: c’est la légitimité même de l’élu qui est alors en jeu (son territoire de représentation politique). Cela explique la mobilisation très active de la plupart des élus de la région métropolitaine. En troisième lieu, l’accent mis sur les acteurs politiques suit la tendance observée dans les analyses récentes des gouvernements locaux réalisées selon l’approche néo-institutionnelle (Feiock et Carr, 2001; Gains, John et Stoker, 2005; Lowndes, 2005). L’analyse approfondie des acteurs les plus traditionnels du système politique...

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