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C O N C L U S I O N UN MONDE EN MUTATION LUC-NORMAND TELLIER Professeur associé, Département d’études urbaines et touristiques, École des sciences de la gestion, Université du Québec à Montréal, Montréal, Canada LA GRANDE QUESTION QUI A ÉTÉ POSÉE AU TOUT DÉBUT DE CE LIVRE EST la suivante: compte tenu des mutations qu’elles connaissent, les métropoles canado-américaines et latino-américaines sont-elles en train de converger ou, tout au contraire, sont-elles en train de suivre, les unes et les autres, de plus en plus, leurs propres voies? S’il est vrai que l’on ne trouve toujours ni «villas miseria» ni«vilas» ni «favelas» ni communautés d’occupation ni même de «gated communities » au Canada et que les cas du Brésil, de l’Argentine, de la Colombie, du Mexique et des États-Unis demeurent fort dissemblables, une impression très nette se dégage de ce livre, et c’est celle d’une certaine convergence des expériences métropolitaines des uns et des autres. En effet, si les bidonvilles n’existent pas vraiment au Canada, les sansabri et la mendicité y sont de plus en plus répandus. La mendicité qu’on n’y voyait jamais, il y a trente ou quarante ans, y est maintenant omniprésente dans les centres-villes des grandes métropoles comme elle l’est, depuis plus longtemps encore, dans celles des États-Unis. De même, si les banlieues bourgeoises étaient encore exceptionnelles en Amérique latine, il y a trente ou quarante ans, elles ont tendance à y proliférer aujourd’hui comme elles le font depuis les années 1950 aux États-Unis et au Canada. 334 Métropoles des Amériques en mutation 1. Évolution des systèmes urbains La première partie de l’ouvrage a fait éclater quelques idées reçues mentionnées en introduction:§ Il n’y a, dans les Amériques, aucune évidence que la «mondialisation» favorise les pays riches: les trois pays les plus riches, les États-Unis, le Canada et le Chili, ont eu au cours des dernières années des taux de croissance du PIB significativement plus bas que ceux de pays moins nantis comme l’Uruguay, le Pérou, le Paraguay, la Bolivie, le Brésil, l’Équateur, l’Argentine et la Colombie.§ Il n’y a, dans les Amériques, aucune évidence que la «métropolisation» favorise les grandes métropoles établies aux dépens des petites et des villes moyennes. Tant en termes de population que de production, tant au Nord qu’au Sud, les grandes métropoles voient et verront vraisemblablement leurs poids diminuer progressivement sur le continent, alors que leur rôle dans les secteurs supérieurs demeure déterminant, ce qui montre que le phénomène de la métropolisation est un phénomène beaucoup plus qualitatif que quantitatif. La «métropolisation» correspond plutôt à un phénomène de multiplication des métropoles, de «polymétropolisation », et d’émergence de villes prenant place parmi les métropoles de second rang.§ Il n’y a, dans les Amériques, aucune évidence que la dichotomie«Amérique anglo-saxonne riche » (Canada et États-Unis) – « Amérique latine pauvre» soit structurelle et irrémédiable. Au contraire, c’est non seulement le Brésil qui est en train d’émerger, mais bien aussi l’ensemble des pays andins (Chili, Pérou, Équateur et Colombie) et même des pays de l’intérieur comme le Paraguay et la Bolivie ou un petit pays comme l’Uruguay.§ Il n’y a aucune évidence que le développement exogène et «exocentré» de l’Amérique du Sud, suivant lequel les liens avec les pays développés d’Europe et de l’Amérique du Nord jouent un plus grand rôle que les liens avec les autres pays sud-américains, continuera à se distinguer du développement endogène et «endocentré» de l’ensemble canado-étasunien marqué par la «conquête de l’Ouest». Plusieurs indices (la mise en valeur du Cerrado brésilien et de l’Amazonie, la montée des pays andins et le mouvement vers l’ouest des centres de gravité de la population et de la production) suggèrent qu’en Amérique du Sud la domination traditionnelle des métropoles littorales (et, en particulier, des métropoles littorales atlantiques) est remise...

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