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C H A P I T R E 1 0 ACTION COMMUNAUTAIRE Quelle influence sur les niveaux de risques urbains, de résilience et de durabilité1 ? CÉLINE-CORALIE MERTENAT Auxiliaire de recherche, Faculté de l’aménagement, Université de Montréal, Montréal, Canada ISABELLE THOMAS Professeure, Faculté de l’aménagement, Université de Montréal, Montréal, Canada AUJOURD’HUI, LES VILLES CONSTITUENT LE CADRE DE VIE DE LA MAJORITÉ de la population mondiale et toute perturbation de ces fragiles écosystèmes urbains représente une menace pour nos sociétés. Tenir compte des multiples dimensions du risque en milieu urbain est primordial pour préserver la stabilité d’une communauté et la viabilité de son environnement physique. Toutefois, cette relation est complexe et comporte une grande part d’incertitude. L’une des approches les plus courantes est d’étudier le risque sous l’angle de la vulnérabilité du système qu’il menace. Mais qu’en est-il des facteurs pouvant influencer le niveau de risque? Est-ce que la transformation d’un système socioéconomique et de son environnement physique vers un niveau supérieur de durabilité et de résilience peut amener une réduction des risques urbains? Nous tenterons de répondre à cette question en analysant le comportement de deux communautés dans deux contextes urbains différents, soumis à des perturbations d’ordre climatique et anthropologique. 1. Cette publication a bénéficié, pour le Village des Tanneries, de la contribution de Lisa Bornstein, professeure adjointe à la School of Urban Planning de l’Université McGill et directrice de l’ARUC «Les mégaprojets au service des communautés». 170 Métropoles des Amériques en mutation 1. La résilience et la durabilité sont-elles liées au risque urbain? 1.1. La vulnérabilité des systèmes urbains Si la notion de risque est souvent mentionnée en termes de probabilité d’aléas naturels (Veyret, 2004; November, 2002; Pelling, 2003), elle regroupe plus généralement l’ensemble des phénomènes potentiellement perturbateurs pour un milieu et une communauté donnés. Plus précisément, le risque est une probabilité d’interaction spatiale et temporelle entre un phénomène et un système (physique et social), pouvant entraîner de multiples dommages (Dauphiné et Provitolo, 2007; Manyena, 2006; Milbert, 2003; Daudé et al., 2009). Les dimensions spatiale et temporelle de l’interaction sont cruciales puisque les impacts potentiels dépendent de deux facteurs. Premièrement, ils découlent de la récurrence et de l’intensité des perturbations d’origines climatique, naturelle ou anthropogène. Deuxièmement , ils résultent de la vulnérabilité du système, c’est-à-dire de l’exposition du système, de sa résistance et de sa capacité à se restaurer à l’identique (Daudé et al., 2009; Dauphiné et Provitolo, 2007; Manyena, 2006; Milbert, 2003; Veyret, 2004; November, 2002; Pelling, 2003). La complexité de ce phénomène est d’autant plus accentuée que la première perturbation peut entraîner une réaction en chaîne et engendrer de multiples dommages répartis dans le temps et à différentes échelles du territoire (Daudé et al., 2009). Les dommages peuvent alors atteindre une telle ampleur que l’intégrité du système est mise en péril et qu’un retour à l’état d’origine se révèle impossible. Daudé et al. (2009) qualifient cela de «bifurcation» du système entraînant un «changement d’état d’équilibre». Ce changement amène un constat d’échec de l’équilibre précédent et le besoin de réorganiser le système. 1.2. La résilience d’un système La viabilité de ce nouvel état d’équilibre dépendra du niveau intrinsèque de résilience du système, c’est-à-dire de sa capacité à s’adapter aux modifications de ses dynamiques, de se réorganiser lui-même et, par un processus d’apprentissage, d’anticiper les perturbations à venir (Daudé et al., 2009; Dauphiné et Provitolo, 2007; Holling, 2001 ; Manyena, 2006 ; Milbert, 2003). Selon Dauphiné et Provitolo (2007), la résilience est une notion complexe (multiéchelle, multitemporelle et multidimensionnelle) qui accepte l’incertitude et la possibilité d’un point de non-retour. Trois facteurs participent à la résilience d’un système urbain: 1) la diversité de ses éléments et de ses liens; 2) la capacité de se restaurer par l’autoorganisation grâce, entre...

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